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Full text of "La Colonisation dans les comtâes de Dorchester Bellechasse, Montmagny, L'Islet, Kamouraska"

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LA  COLONISATION 


DANS   LES   COMTÉS   DE 


DORCHESTER, 

BELLECHASSE, 

MONTMAGNY, 

L'ISLET, 

KAMOURASKA 

PAR 

EUGENE  ROUILLARD 


SOUS  LES  AUSPICES  DE 

L'honorable  Adelard  TURGEON, 

Commissaire  cb  la  Colonisation  et  des  Mines 


QUÉBEC. 


1901 

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Carte  photogiaphiée  des  comtés  de  Dorchester,  Bellechasse, 
Montmagny,  L'Islet,  Kamouraska. 


LA  COLONISATION 


REMARQUES  PRELIMINAIRES 


Depuis  une  quinzaine  d'années  que  la  presse  se  préoc- 
cupe, avec  un  intérêt  marqué,  de  la  colonisation  dans 
notre  pays,  la  réclame  n'a  jamais  porté  que  sur  trois  à 
quatre  de  nos  grandes  régions. 

C'est  à  ce  point  qu'on  pouvait  croire — à  l'étranger  du 
moins — qu'en  dehors  de  la  Matapédia,  de  la  vallée  du  Lac 
Saint-Jean  et  du  Témiscamingue,  il  n'y  avait  plus  de 
terres  à  défricher  ou  que  celles-ci  ne  méritaient  point  de 
fixer  l'attention  du  colon. 

Quelles  sont,  en  effet,  ies  feuilles  publiques  qui  aient 
jamais  songé  à  nous  entretenir  des  cantons  ouverts  à  la 
colonisation  dans  les  comtés  de  Bellechasse,  de  Dorchester, 
de  Montmagny,  de  l'islet  et  de  Kamouraska  ?  Quelles 
sont  celles  qui  nous  ont  fait  assister  à  la  création  ou  au 
développement  des  nouveaux  villages  dans  ces  divers 
comtés  situés  presqu'à  nos  portes  ? 

Ce  n'est  pas  un  reproche  que  je  formule  ici,  c'est  un 
simple  f  >it  que  jVntends  constater.  ^ 

Dans  la  vie  quotidienne  du  journalisme,  on  n'a  guère, 
en  effet,  le  loisir  de  fouiller  à  fond  les  livres  bleus,  de 
compulser  les  rapports  des  fonctionnaires  publics,  de 
suivre  de  près  les  étapes  d'un  mouvement  qui,  tout  en 
subissant  parfois  des  arrêts,  n'en  est  pas  moins  pro- 
gressif. 

Et  pourtant  ce  travail  mérite  d'être  fait.  Il  le  mérite 
d'autant    mieux    que   dans  ce  pays,    la   colonisation    est 


—  4 


l'œuvre  par  excellence,  que  tout  se  rapporte  à  elle  et 
qu'elle  constitue  l'un  des  principaux  articles  du  pro- 
gramme politique  de  tous  les  gouvernements. 
*  Je  n'ai  pas  et  ne  saurais  avoir  la  présomption  de 
livrer  une  étude  complète  sur  la  matière,  mais  je  crois 
obvier  à  une  lacune  réellement  existante  en  publiant,^ 
même  en  raccourci,  les  notes  que  j'ai  pu  recueillir  sur  nos 
cantons  à  coloniser  dans  les  comtés  dont  je  viens  de 
dresser  rénumération. 

Une  chose  certaine  c'est  que  ces  cantons  et  les  colonies 
auxquelles  ils  ont  donné  naissance  ne  sont  pas  connus 
comme  ils  déviaient  l'être,  et  que  cette  ignorance  jointe  fi 
une  absence  totale  de  propagande,  dont  l'on  se  montre  si 
prodigue  ailleurs,  n'est  pas  étrangère,  pour  quelques-uns 
du  moins,  à  leur  défaut  d'expansion.  ^    J 

L'heure,  à  mon  avis,  de  parler  de  cette  région,  est  d'au- 
tant mieux  venue,  qu'il  est  question  de  la  sillonner  d'une 
voie  ferrée  parallèle  au  chemin  de  fer  Intercolonial  et 
qu'une  subvention  en  argent  a  déjà  été  votée  à  cet  effet 
par  le  gouvernement  fédéral.  Or,  en  supposant  que  cette 
grande  entreprise  passe  bientôt  dans  le  domaine  des  faits, 
l'on  peut  déjà  entrevoir  l'heureuse  et  rapide  transforma- 
tion qui  va  s'opérer  dans  tous  ces  cantons  amplement 
pourvus  des  meilleures  essences  forestières  et  favorisés 
d'un  sol  propre  à  la  culture.  Les  colonies  naissantes  ne 
sauraient  manquer  de  recevoir  de  ce  chef  une  puissante 
poussée,  sans  compter  qu'il  devra  en  surgir  une  foule 
d'autres  sur  tous  les  points  de  ce  grand  territoire. 


* 
*  * 


J'ai  fait,  il  y  a  un  instant,  cette  remarque,  que  la  presse, 
concentrant  exclusivement  son  attention  sur  les  grandes 
régions  de  colonisation  du  pays,  avait  assez  peu  contribué 
à  éclairer  l'opinion  sur  la  partie  du  territoire  qui  nous 
occupe.  Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  cette  observation 
que  cette  portion  de  notre  territoire  a  été  abandonnée  à 


—  5  — 

elle-même  et  que  la  colonisation  n'y  a  reçu  aucune  impul- 
sion. L'histoire  des  nouvelles  colonies  que  je  me  propose 
de  faire  défiler  dans  les  pages  qui  vont  suivre,  va  démon- 
trer le  contraire.  Il  y  a  eu  presque  partout  des  progrès 
réellement  étonnants,  et  ces  progrès  sont  dus,  presqu'en 
entier,  à  l'intarissable  dévouement  ainsi  qu'à  l'initiative 
toujours  en  éveil  de  notre  clergé. 

Dans  un  remarquable  discours  prononcé  en  1898,  au 
Congrès  de  colonisation  tenu  à  Montréal,  l'honorable  A. 
Turgeon,  parlant  de  l'œuvre  delà  colonisation,  en  général, 
avait  dit  déià  :  "  Le  prêtre  est  le  grand  colonisateur,  et 
le  système  paroissial  est  l'un  des  agents  les  plus  actifs  de 
l'expansion  nationale." 

En  parcourant,  il  y  a  quelques  mois,  les  colonies  rurales 
de  Dorchester,  de  Beilechasse,  de  Montmagny,  de  l'Islet 
et  de  Kamouraska,  j'ai  pu,  moi-même,  me  convaincre  une 
fois  de  plus,  de  la  justesse  et  de  la  vérité  des  paroles  de 
l'éloquent  orateur.  A  la  base  de  chacune  de  ces  colonies, 
dont  quelques-unes  sont  en  plein  épanouissement,  appa- 
raît invariablement  l'intrépide  missionnaire  catholique. 
C'est  la  grande  force  agissante  dans  cette  partie  du  dis- 
trict de  Québec  comme  elle  l'est  ailleurs. 

Les  écoles,  les  cercles  agricoles,  l'industrie  laitière  e  t 
jusqu'à  l'organisation  du  réseau  téléphonique  qui  relie 
les  colonies  naissantes  aux  paroisses,  tout  ou  presque  tout 
relève  de  son  initiative. 

Ami  du  progrès  matériel,  on  le  voit  se  dépenser  partout 
sans  compter,  lorsque  son  intervention  peut  être  utile  et 
contribuer  à  l'amélioration  du  sort  de  nos  braves  colons. 

En  résumé, — et  je  me  plais  à  rendre  ce  témoignage,  après 
bien  d'autres — le  mouvement  colonisateur  n'a  pas  dans 
la  région  que  nous  allons  esquisser  à  grands  traits,  d'agent 
plus  effectif  et  plus  sincèrement  dévoué  que  l'humble 
missionnaire  auquel  incombe  la  tâche  de  diriger  ces  nou- 
velles colonies  qui  seront  demain,  par  leurs  soins,  de 
grandes  et  florissantes  paroisses. 

Québec,  janvier,  1901.  E.  R. 


COMTE  DE  DORCHESTER 


Exploitations  agricoles.  —  Population.  —  Fromage- 
ries ET  BEURRERIES. — COURS  D'EAU. 

Dorchester  est  pour  ainsi  dire  aux  portes  de  Québec; 
seul,  le  comté  de  Lévis  nous  en  sépare.  Un  chemin  de 
fer,  le  Québec  Central,  nous  met  en  communication  avec 
deux  importantes  paroisses,  et  les  autres  peuvent  être 
atteintes  facilement  par  les  chemins  de  voiture. 

Le  comté  de  Dorchester  est  un  district  essentiellement 
agricole,  renfermant  une  quinzaine  de  paroisses,  presque 
toutes  dans  un  état  florissant,  avec  une  propriété  foncière 
d'une  valeur  qui  dépasse  trois  millions  de  piastres.  En 
1891,  les  exploitations  agricoles  avaient  donné  les  résultats 
suivants  : 

Nombre  d'acres  occupés 368,204 

Nombre  d'acres  sous  culture 116,830 

Nombre  d'acres  en  forêt 174,687 

Sa  population,  au  dernier  recensement  était  de  19,017 
âmes,  mais  depuis  de  nouveaux  centres  se  sont  ouverts, 
de  nouvelles  missions  ont  été  fondées,  des  fils  de  cultiva- 
teurs sont  allés  fonder  des  établissements  dans  les  cantons 
Langevin  et  Watford,  et  ont  formé  çà  et  là  d'importants 
groupes. 

Il  n'y  a,  à  la  vérité,  que  cinq  cantons  dans  ce  comté  où 
il  y  ait  des  terres  disponibles,  mais  ces  cinq  cantons  ren- 
ferment encore  une  étendre  de  terres  assez  respectable, 
environ  115,000  acres. 

Le  prix  des  terres  n'est  que  de  trente  cents  par  acre,  et 
l'agent  préposé  à  leur  vente  est  M.  J.  E.  Cayouette,  qui 
réside  à  Sainte-Claire. 


Nous  ne  devons  pas  oublier  de  mentionner  le  fait  que 
l'industrie  laitière  a  toujours  été  en  grand  honneur  dans  ce 
comté.  Déjà,  en  1891,  ce  comté  avait  fabriqué  près  de 
800,000  livres  de  beurre.  En  1899,  on  y  compte  quatre 
beurreries  et  quarante-quatre  fromageries.  Il  a  été  fabri- 
qué dans  la  même  année  2,398,064  livres  de  fromage  qui 
ont  rapporté  $239,807. 

Les  chemins  de  colonisation  sont  en  bon  état  et  l'on  en 
ouvre  de  nouveaux  chaque  année.  La  plus  considérable 
de  ces  routes  est  le  grand  chemin  Etchemin  qui  ouvre 
une  communication  continue  avec  les  anciennes  seigneu- 
ries de  Saint-G-ervais,  Lauzon,  Sainte-Marie,  et  les  cantons 
Frampton,  Cranbourne  et  Watford. 

Des  rivières  assez  importantes  arrosent  tout  ce  canton 
Mentionnons  la  rivière  Etchemin  et  ses  tributaires,  la 
rivière  Saint- Jean,  et  son  principal  bras,  la  rivière  Daa- 
quam,  ainsi  que  les  rivières  Famine,  Grande  Coudée, 
Saint-Joseph,  et  qui  tombent  toutes  dans  la  rivière  Chau- 
dière. 

La  rivière  Etchemin  n'est  pas  navigable,  mais  depuis 
les  premières  chutes  jusqu'à  la  rivière  Ware,  à  l'angle  sud 
du  canton  de  Buckland,  sur  une  distance  de  huit  milles 
environ,  elle  traverse  un  terrain  d'alluvion.  Son  lit  est 
étroit  et  profond,  son  cours  moins  rapide,  et  l'on  peut  y 
naviguer  en  canot.  Sur  le  reste  du  parcours,  brisé  par 
des  cascades,  il  est  impossible  de  songer  à  s'en  servir 
comme  moyen  de  communication.  En  traversant  Saint- 
Anselme,  la  rivière  Etchemin  roule  en  cascades,  et  fait 
mouvoir  plusieurs  moulins.^ 

C'est  aussi  le  tributaire  le  plus  considérable  de  la  Chau- 
dière. Il  y  a  une  quarantaine  d'années,  on  découvrit  à  la 
suite  d'explorations,  que  le  lit  de  c~tte  rivière   contenait 


*  D'après  M.  J.  R<y,  dans  sa  reniai  quable  étude  sur  la  Seigneurie  de 
Lauzon,  la  rivière  des  Etchemin»  fut  ainsi  appelée  par  Champlain,  parce 
que  les  aborigènes  de  la  tribu  qui  portaient  ce  nom  en  suivaient  le  cours, 
pour  se  rendre  à  Québec. 


—  9  — 

des  gisements  aurifères.  Le  gouvernement  accorda 
aussitôt  des  permis  autorisant  l'extraction  du  précieux 
métal,  et  il  en  fut  trouvé,  paraît-il,  en  certaines  quan- 
tités. 

Vers  1886,  MM.  Saint  Onge  et  frères,  s'associèrent  pour 
l'exploitation  du  même  minerai  trouvé  dans  la  rivière 
Famine,  mais  pour  une  raison  ou  pour  une  autre  ils  discon- 
tinuèrent leurs  opérations  au  bout  d'un  an.  l'epuis  cette 
date,  aucun  travail  sérieux  n'a  été  fait  pour  exploiter  les 
gisements  aurifères  de  la  rivière. 

La  rivière  Famine  sort  d'un  réseau  de  petits  ruisseaux, 
près  de  Sainte-G-ermaine  et  se  jette  à  Saint-Georges,  près 
de  la  Pointe  Sainte-Barbe,  et  la  rivière  Daaquam  sort  du 
canton  Langevin. 

Il  y  a  aussi  plusieurs  le  es  ;  le  plus  important  est  celui 
d'Etchemin  qui  occupe  une  superficie  de  700  arpents. 

LES    PAROISSES 

Saint-Anselme.-  C'est  la  plus  importante  paroisse  du 
comté.  Elle  est  située  à  vingt  et  un  milles  de  Québec,  et 
l'on  s'y  rend  par  le  chemin  de  fer  de  Québec  Central. 

La  rivière  Etchemin  passe  presqu'au  centre  du  village, 
divisant  la  concession  de  Sainte-Thérèse  de  celle  de  Saint- 
Philippe.  Les  pouvoirs  d'eau  fournis  par  cette  rivière 
ont  été  utilisés  autrefois  pour  l'industrie  forestière,  notam- 
ment par  les  messieurs  Larochelle.  Depuis,  le  commerce 
de  bois  n'a  fait  que  péricliter,  mais  il  pourrait  bien 
reprendre  vigueur,  si,  comme  on  le  prétend,  une  compa- 
gnie de  pulpe  a  l'intention  de  s'installer  à  Saint-Anselme 
et  d'utiliser  les  pouvoirs  hydrauliques  que  l'on  y 
rencontre. 

Saiut-Anselme  compte  actuellement  trois  fromageries 
qui  fout  d'excellentes  affaires.  Elle  est  en  outre  le  prin- 
cipal marché  du  fromage  du  comté  C'est  ici  en  effet  que 
tous  les  fabricants  des  autres    paroisses    viennent   porter 


-.10  — 

les  produits  de  leur  fabrication  qui  sont  expédiés  ensuite 
par  chemin  de  fer  à  Québec  et  à  Montréal. 
La  population  dépasse  2,000  âmes. 

Sainte-Hénédine.—  A  vingt-six  milles  de  Québec  et 
reliée  comme  Saint-Anselme  par  le  chemin  de  fer  du 
Québec-Central 

La  rivière  Le  Bras,  traverse  les  concessions  de  Sainte- 
Thérèse  et  de  la  Grande  Ligne. 

Il  y  a  ici  trois  fromageries  et  deux  beurreries-fromage- 
ries 

Sainte-Hénédine  est  une  paroisse  essentiellement  agri- 
cole.    Population,  1049  âmes. 

Cette  paroisse  est  aussi  le  siège  d'un  bureau  d'enregis- 
trement des  titres  de  propriété. 

Sainte-Claire. — Une  belle  paro  sse  agricole  qui  date  de 
1824  et  que  l'on  rencontre  à  trois  lieues  de  Saint- Anselme. 
On  y  compte  Y  à  8  fromageries,  un  moulin  à  scie,  quatre 
moulins  à  farine,  deux  moulins  à  fouler,  une  grande 
tannerie,  etc. 

La  rivière  Etchemin  traverse  ce  village  dont  la  popu- 
lation est  de  près  de  1700  âmes.  Relié  par  le  téléphone 
à  toutes  les  paroisses  voisines. 

On  admire  ici  une  spacieuse  et  belle  église,  éclairée 
depuis  près  de  deux  ans  par  le  gaz  acétylène. 

Saint-Isidore. — Cette  paroisse  érigée  civilement  en 
1842  comprend  une  étendue  de  territoire  d'environ  sept, 
milles  de  front  sur  une  profondeur  de  deux  à  trois  milles. 
Ce  village  qui  compte  de  très  belles  fermes  et  une  popu- 
lation agricole  qui  vit  dans  l'aisance,  n'est  qu'à  trois 
lieues  de  Saint-Henri.  Deux  fromageries.  Population, 
1555  habitants. 

Saint-Bernard. — Paroisse  agricole  située  au  sud  de 
Saint-Isidore.  Compte  une  fromagerie.  Population,  1582: 
âmes. 


— 11  — 

Sainte-Makguerite. — Bornée  au  nord  par  la  paroisse 
de  Ste-Hénédine.  Elle  compte  quatre  fromageries.  Popu- 
lation,  1324  âmes. 

St-Edotjard  de  Frampton.—  A  treize  milles  de  Ste- 
Hénédine.  Cette  belle  paroisse  agricole,  formée  à  même 
le  canton  de  Frampton,  a  été  établie  par  des  colons  irlan- 
dais et  écossais.  Quoique  l'érection  civile  de  cette  paroisse 
ne  remonte  qu'à  l'année  1858,  les  premières  concessions 
de  lots  semblent  dater  de  l'année  1806.  On  y  trouve  une 
fromagerie  en  opération  depuis  plusieurs  années.  Popu- 
lation, 1653  âmes.  Les  deux  tiers  sont  aujourd'hui 
d'origine  française. 

Saint-Malachie. — Cette  paroisse,  située  à  trois  lieues 
de  Ste-Claire,  a  été  créée  comme  la  précédente,  à  même  le 
canton  Frampton  dont  les  onze  rangs  sont  aujourd'hui 
presque  totalement  colonisés.  Son  érection  civile  date  de 
1874  L'église  qui  a  été  terminée  en  1896,  est  l'un  des 
plus  beaux  temples  religieux  du  comté,  M.  l'abbé  Fré- 
chette  qui  est  à  la  tête  de  cette  paroisse  a  organisé  un 
service  téléphonique  avec  Saint-Anselme  et  Ste-Claire. 
On  doit  aussi  à  son  intelligente  initiative  la  création  de 
plusieurs  fromageries  qui  ont  fabriqué  en  189'J  pour 
$23,000  de  fromage. 

Depuis  que  l'industrie  laitière  a  pénétré  dans  le  village, 
— on  y  compte  actuellement  six  fromageries — celui-ci 
s'est  sensiblement  amélioré  ;  il  est  devenu  presque 
coquet. 

La  population  est  de  1482  âmes,  dont  un  tiers 
d'origine  irlandaise. 

St-Léon  de  Standon.— A  sept  lieues  et  demie  de  St- 
Anselme,  et  à  trois  lieues  du  lac  Etchemin.  On  s'y  rend 
de  St-Anselme  en  passant  par  Ste-Claire  et  St-Mala- 
chie.  Cette  paroisse  qui  date  de  1871  a  été  créée  à  même 
certaines  parties  des  cantons  de  Standon,  Cranbourne, 
Frampton  et  Buckland. 


—  12  — 

St-Léon  possède  cinq  fromageries  et  une  population  de 
1600  âmes.  Les  cultivateurs  vendent  en  grande  partie 
leurs  produits  à  St-Anselme. 

Le  village*  est  baigné,  dans  presque  toute  sa  longueur, 
par  la  rivière  Etchemin  qui  est  ici  assez  profonde  et  même 
poissonneuse. 

Saint-Odilon. — Cette  paroisse,  érigée  civilement  en 
1890,  se  trouve  à  trois  lieues  de  Saint-Edouard  de  Framp- 
ton.     Elle  s'est  formée  à  même  le  canton  de  Cranbourne. 

Sa  population  est  présentement  de  1,018  âmes. 

Les  terrains  de  ce  village  sont  de  bonne  qualité,  et  la 
propriété  foncière  y  est  estimée  à  $106,225. 

L'on  y  compte  deux  fromageries. 

Sainte-Germaine  du  lac  Etchemin: — Gracieux  vil- 
lage qui  se  rairo  dans  les  eaux  du  beau  lac  Etchemin — 
une  pièce  d'eau  qui  a  trois  milles  de  long  et  trois  quarts 
de  mille  de  largeur.  Il  a  été  formé  à  même  certaines 
parties  des  cantons  Ware,  Cranbourne  et  Standon.  Son 
érection  date  de  1870  et  la  population  y  est  actuellement 
de  1516  âmes.  La  culture  s'est  améliorée  considérablement 
depuis  quelques  années.  La  fromagerie  qui  y  fonctionne 
a  donné  en  1899,  $15,000. 

Saint-Maxime. — Cette  nouvelle  paroisse,  dont  l'érection 
date  du  mois  d'octobre  1896,  a  été  détachée  des  paroisses 
Ste-Marie,  SMsidore  et  St-Bernard.  Elle  est  bornée  au 
nord-ouest  par  la  ligne  séparative  des  seigneuries  de 
Lauzon  et  de  Joliette,  au  S.  li.  par  les  paroisses  Ste-Marie 
et  St-Bernard,  et  au  S.  O.  par  la  rive  droite  de  la  Chau- 
dière. La  population  de  St-Maxime  était  estimée  en  1887 
à  654  habitants  et  sa  valeur  foncière  à  $154,000. 


*Par  "village" — et  cette  expression  reviendra  souvent — nous  entendons 
toujours  désigner  la  "paroisse"  entière  ou  la  "municipalité". 


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Sainte-Justine. — On  se  rend  à  Ste-Justine  en  passant 
par  St-Anselme  dont  elle  est  éloignée  de  quinze  lieues  et 
en  traversant  les  paroisses  Ste-Claire,  St-Malachie  et  Ste- 
G-ermaine.  C'est  une  belle  paroisse  dont  le  développe- 
ment a  été  assez  rapide  et  qui  a  été  formée  à  même  le 
canton  Langevin.  Son  érection  civile  ne  date  que  de  1890. 
mais  les  premiers  établissements  remontent  à  plus  de 
trente  ans. 

Les  terres  sont  généralement  bonnes,  mais  ce  qui  a  con- 
tribué surtout  à  l'expansion  de  ce  village  c'est  le  dévelop- 
pement qu'y  a  pris  l'industrie  laitière  en  ces  dernières 
années.  Ce  village,  né  pour  ainsi  dire  d'hier,  possède  cinq 
fromageries  qui  lui  ont  rapporté  en  1899  la  jolie  somme  de 
|25,000.  Les  cultivateurs  de  Ste-Justine  vont  vendre 
généralement  leurs  produits  à  St-François,  de  la  Beauce, 
qui  n'est  éloigné  que  de  neuf  lieues. 

La  population  de  Ste-Justine  était  de  009  âmes  en  1891  ; 
elle  est  montée  actuellement  à  957  âmes.  La  propriété 
foncière  était  estimée  en  1897  à  $121,000. 

CANTONS  ET  NOUVEAUX  CENTRES  DE  POPULATION 

Cranbournj-;. — Ce  canton  comprend  quatorze  rangs  et 
il  reste  à  peine  une  trentaine  de  lots  à  prendre  dans  les 
trois  derniers  rangs. 

Les  premières  concessions  de  lots  remontent  à  1830. 
C'est  à  même  ce  canton  que  s'est  formée  la  paroisse  de 
St-Odilon. 

Ce  qui  reste  à  coloniser  est  un  terrain  inégal  et  rocheux. 

Standon.—  C'est  un  canton  de  quatorze  rangs  où  la 
colonisation  s'est  développée  dans  une  assez  large  mesure. 
Il  y  a  déjà  dans  ce  canton  une  paroisse,  St-Léon,  qui  date 
de  trente  ans. 

La  rivière  Etchemin  borde  ce  canton  où  l'on  peut  encore 
trouver  150  lots  à  acheter.  La  terre  est  quelque  peu 
rocheuse,  mais  bonne.  Il  se  récolte  particulièrement  une 
grande  quantité  de  foin  sur  les  pointes  formées  par  la 
rivière. 


—  14  — 

A  l'origine,  tonte  la  population  était  d'origine  anglaise. 
Les  canadiens-français  commandent  aujourd'hui  une 
grande  majorité. 

Ware. — Au  sud  du  canton  Standon,  avec  12  à  13,000 
arpents  de  terres  disponibles,  propres  à  faire  d'excellents 
établissements.  Il  faut  en  excepter  néanmoins  les  rangs 
6,  7  et  8  où  le  sol  est  d'une  qualité  inférieure. 

On  trouve  des  colons  établis  sur  presque  tous  les  rangs. 

Ce  canton  est  encore  assez  riche  en  épinette  et  en 
érable,  bien  que  l'on  ait  fait  beaucoup  de  bois  le  long  de 
la  rivière  Etchemin. 

La  paroisse  Ste-GJ-ermaine,  située  sur  les  bords  du  lac 
Etchemin,  se  trouve  dans  ce  canton. 

Langkvin. — C'est  un  magnifique  canton  où  le  gouver- 
nement offre  en  vente  40,000  arpents  de  terres,  et  où  les 
bois  de  construction  abondent  :  érable,  merisier  et  plus 
particulièrement  l'épinette  blanche.     • 

Les  premières  tentatives  de  colonisation  dans  le  canton 
Langevin,  qui  n'est  qu'à  vingt  et  une  lieues  de  Québec 
datent  de  1862,  alors  que  les  religieux  Trappistes,  sous  la 
direction  du  Père  Jos.  André,  s'y  installèrent  et  se  mirent 
à  abattre  la  forêt  environnante  pour  créer  une  ferme 
modèle.  Le  labeur  de  ces  bons  religieux  porta  imméd'a- 
tement  ses  fruits.  Un  monastère  fut  édilié,  un  moulin  à 
scie  fut  construit,  des  routes  surgirent  partout  et  lorsqu'un 
jour  des  circonstances  incontrôlables  que  je  n'ai  pas  à 
relater  ici,  les  forcèrent  à  abandonner  une  terre  qu'ils 
avaient  arrosée  de  leurs  sueurs,  leurs  défrichements  em- 
brassaient déjà  plus  de  cent  arpents.  Leur  passage  dans 
ce  canton,  si  court  qu'il  ait  été,  eut  toute  fois  de  bons  résul- 
tats. Des  fils  de  cultivateurs,  désertant  les  anciennes 
paroisses,  vinrent  se  grouper  près  du  monastère  et  donnè- 
rent naissance  à  la  paroisse  de  Sainte-Justine.  Quant  à 
l'ancien  établissement  des  Trappistes,  qui  comptait  17 
lots,  il  fut  vendu  à  un  particulier  du  nom  de  Labbé- — qui 
le  paya  $4,000. 


J3 


60 


^ 


—  15  — 

Comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer,  il  reste  encore  un 
grand  nombre  de  lots  à  prendre  dans  ce  canton.  Pres- 
que tous  sont  recommandables.  La  plus  grande  partie 
de  ce  territoire  est  plane  et  peu  rocheuse,  ayant  en  outre 
l'avantage  d'être  arrosée  par  de  nombreux  cours  d'eau  qui 
se  jettent  dans  la  rivière  Daaquam,  qui  divise  les  7ème  et 
8ème  rangs  de  Langevin. 

Il  y  a  d'excellentes  routes  de  communications  dans  ce 
canton  qui  permettent  d'atteindre  le  cauton  de  Watford 
qui  n'est  qu'à  trois  lieues  et  même  St-Magloire,  dans  le 
canton  Roux,  à  quinze  milles. 

Watfokd. — Au  sud  de  la  paroisse  de  St-Odilon,  nous 
rencontrons  le  canton  Watford,  traversé  par  la  rivière 
Famine  et  celle  des  Abénaquis.  C'est  vers  ce  canton  que 
se  porte  aujourd'hui  le  plus  fortement  le  courant  coloni- 
sateur. Ce  canton — sauf  le  rang  8,  qui  ne  présente  que 
des  savanes, — est  fertile.  De  grands  iucendies  ont  autre- 
fois ravagé  ce  canton,  détruisant  des  bois  de  grande 
valeur.  On  y  trouve  encore  toutefois  plusieurs  rangs  bien 
boisés,  en  érable  et  autres  bois.  Le  chevreuil  y  abonde. 
Plusieurs  cours  d'eau,  dont  les  lits  sont  généralement 
profonds,  le  traversent  en  tous  sens,  et  le  lonc:  de  ces 
cours  d'eau,  se  rencontrent  nombre  de  plateaux  formés 
d'un  sol  d'alluvion  très  riche  et  recouvert  d'arbres. 

En  1897,  un  pont  a  été  jeté  sur  la  rivière  des  Abénaquis, 
entre  les  rangs  B  et  7,  Sud-Ouest  du  canton  Watford,  et 
de  nouvelles  routes  ont  été  tracées,  grâce  au  concours  du 
gouvernement.  En  1898,  un  autre  pont  a  été  érigé  sur  la 
rivière  Famine  et  une  route  a  été  pratiquée  entre  Ste- 
Rose  et  St-Prosper,  entre  les  4ème  et  ôèrne  rangs. 

Les  explorateurs  s'accordent  à  reconnaître  que  le  canton 
"Watford  est  supérieur  à  tous  les  autres  cantons  du  comté 
de  Dorchester,  sous  le  rapport  de  la  qualité  du  sol  et  de 
l'absence  de  pierres. 

Ajoutons  aussi  que  les  chantiers  que  font  les  messieurs 
Breakey  dans  ce  canton,  sont  un  grand  appoint  pour  le 
colon. 


—  16  — 

La  quantité  d'acres  de  terre  disponibles  daus  ce  canton 
est  actuellement  de  15,889. 

Il  y  a  aujourd'hui  deux  villages  importants  qui  se  sont 
formés  à  même  ce  canton  :  St-Prosper  et  Sainte-Rose. 

SAINT  PROSPER. 

Cette  nouvelle  colonie  qui  n'est  pas  encore  érigée 
canoniquement,  renfermait  au  1er  janvier  1899,  13Ï 
cultivateurs  et  une  population  totale  de  853  âmes.  Il 
y  a  une  église  et  un  curé  résident,  monsieur  l'abbé 
J.  E.  Hudon,  dont  le  dévouement  à  la  cause  de  la  coloni- 
sation a  notablement  contribué  à  l'expansion  du  village. 

Dans  ce  même  village,  les  messieurs  Larochelle,  cultiva- 
teurs, ont  construit  un  moulin  à  scie,  il  y  a  quelques 
années.     On  y  a  aussi  installé  deux  fromageries  : 

En  1891,  l'étendue  des  terres  en  culture  était  de  2067 
arpents. 

SAINTcl-ROSE. 

La  fondation  de  Sainte-Rose  remonte  à  vingt  ans, 
mais  la  première  mission  n'y  fut  donnée  qu'en  1893. 
Les  commencements  furent  assez  pénibles.  Des  six 
premiers  colons  qui  s'emparèrent  du  sol,  un  seul  M. 
Lamontagne,  eut  le  courage  de  persévérer  Ses  peines, 
comme  son  exemple,  ne  furent  point  perdus.  On  iinit 
par  se  rendre  compte  qu'il  y  avait  là  un  vaste  champ  à 
exploiter  pour  des  solides  travailleurs,  et  en  moins  de  dix 
ms,  le  premier  colon  qui  s'était  établi  dansées  parages, — 
vit  grossir  son  voisinage  dans  de  notables  proportions. 
Ste-Rose  a  un  curé  résident  depuis  <  inq  à  six  ans.  C'est 
M.  l'abbé  Yeilleux  qui  dessert  actuellement  cette  jeune 
paroisse. 

La  paroisse  a  été  aussi  dotée,  il  y  a  deux  ans  d'un  mou- 
lin à  scie,  puis  de  deux  fromageries  qui  ont  rapponé 
$4.000,  l'an  dernier  La  population  de  Ste-Rose  est 
d'environ  500  âmes. 


— 1?  — 

La  mission  Saint-Louis  de  G-onzague  formée,  il  y  a  deux 
ans,  à  même  les  cantons  de  Watford  et  de  Langevin,  ren- 
ferme une  douzaine  de  familles.  M.  J.  0.  Grosselin  a  été 
le  premier  défricheur  de  cette  partie  de  la  forêt. 

Pendant  trois  années,  il  s'est  vu  seul,  en  plein  bois, 
travaillant  néanmoins  avec  courage  et  ne  perdant  jamais 
espoir.  Aujourd'hui  M.  G-osselin  possède  une  jolie  ferme, 
et  son  exemple  en  a  entraîné  d'autres  à  prendre  des  terres 
dans  le  voisinage. 

St-Louis  de  GJ-onzague  comprend  les  lOème,  llème  et 
12ème  rangs  de  "Watford. 

SAINT  BENJAMIN. 

Cette  nouvelle  paroisse  est  formée  à  même  une  partie 
du  canton  de  Craubourne  et  d'une  trentaine  de  lots 
dans  Watford. 

On  y  comptait  au  1er  janvier  1900,  50  cultivateurs  et 
une  population  totale  de  -550  âmes. 

L'autorité  ecclésiastique  vient  de  confier  la  desserte  de 
cette  jeune  paroisse  à  M.  l'abbé  Eleusippe  Uochette. 


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CCIViTE  DE  BELLEGHASSE 


MOUVERTEKT  DE  LA   PGPULAT  ICN.-EXPLOITATIONS 
AGRICOLES. -ANCtENNES  PAROISSES. 

Il  y  avait  autrefois  plusieurs  seigneuries  dans  les  limites 
de  ce  comté.  C'étaient  les  seigneuries  de  Saint-Yalier 
de  Saint-Michel,  de  Beaumont,  de  la  Durantaye,  de  la 
Martinière,  de  Vincennes,  de  St-Gervais  et  Livaudière  et 
le  Fief  Mont  à  peine.  Toute  la  partie  cultivable  de  ces 
anciennes  seigneuries  est  colonisée  depuis  longtemps.  On 
y  compte  même  des  paroisses  très  populeuses  et  très 
riches. 

Le  recensement  de  1881  donnait  pour  ce  comté  une 
population  de  16,914  âmes.  Dix  ans  plus  tard,  en  1891, 
cette  population  s'élevait  à  18,368  âmes.  Elle  se  répar- 
tissait  comme  suit  dans  les  paroisses  : 

St-Cajetan  d'Armagh 1,549  âmes 

St-Etienne  de   Beaumont 811 

Notre-Dame  Auxiliatrice  de  Buckland , 1,199 

St-Charles 2,076 

St-Damien 820 

St-Jervais 2,072 

Sc-Lazare 1.322 

St-Magloire 1,065 

St-Michel 1,838 

St-Néré 1,181 

St-Philémon 707 

St-Raphaël 2,406 

St-Valier 1,322 

Le  nombre  d'acres  de  terres  occupés  était  à  la  même 
époque,  en  1891,  de  287,440,  pendant  que  l'étendue  des 
terres  améliorées  s'élevait  à  158,860  acres. 


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—  19  — 

De  plus,  la  valeur  de  la  propriété  foncière  atteignait  le 
chiffre  respectable  de  $2,830,060. 

Dans  le  tableau  de  dénombrement  que  nous  venons 
d'esquisser,  se  trouvent  des  paroisses  dont  la  formation 
remonte  à  une  date  déjà  très  reculée.  Mentionnons  en 
particulier,  St-Etienne  de  Beaumont,  St-Miche],  St-Charles, 
St-Valier,  St-G-ervais,  etc. 

St-Etienne  de  Beaumont. — Ce  village  doit  son  nom 
au  premier  titulaire  de  la  seigneurie  de  Beaumont,  le 
sieur  des  Islets  de  Beaumont,  auquel  elle  fut  concédée  le  3 
novembre  1672,  par  l'intendant  Talon.  En  1718,  cette 
seigneurie  fut  divisée  en  deux  concessions,  et  l'une 
d'elles  fut  donnée  par  le  marquis  de  Vaudreuil  à  sieur  de 
Beaumont,  fils. 

Beaumont  vit  arriver  ses  premiers  colons  au  milieu  du 
XVIIe  siècle.  Le  recensement  de  1681  porte  en  effet  qu'il 
y  avait  déjà  à  cette  époque  53  personnes,  13  maisons  et  191 
arpents  eu  cuit  are. 

St-Etienne  de  Beaumont,  situé  sur  le  bord  du  fleuve, 
est  dans  le  voisinage  immédiat  de  St- Joseph  de  Lé  vis,  et 
ses  hautes  falaises  font  face  à  l'île  d'Orléans. 

St-Michel. — La  paroisse  voisine  de  Beaumont,  Saint- 
Michel,  est  un  des  plus  coquets  villages  des  environs  de 
Québec. 

Sa  fondation  remonte  aux  premiers  temps  de  la  colonie. 
Déjn,  avant  la  cession,  les  sept  neuvièmes  des  terres  étaient 
concédées 

Ce  village,  qui  n'est  qu'à  trois  lieues  de  Québec,  est  fort 
fréquenté,  durant  la  belle  saison,  par  les  familles  de  la 
ville.  Un  bateau,  partant  de  Québec,  s'y  rend  tous  les 
jours.  Le  quai  public  qui  constitue  à  lui  seul  un  joli 
endroit  de  promenade  a  une  longueur  de  1090  pieds,  et 
une  largeur  de  '6Q  pieds. 

À  part  sa  magnifique  église  paroissiale,  St-Michel  pos- 
sède un  temple  des  plus  gracieux  élevé  à  Notre  Dame  de 
Lourdes  et  qui  attire  chaque  année  de  nombreux  pèlerins 


—  20  — 

St-Valier. — Le  chemin  de  fer  Intercolonial  traverse 
cette  paroisse  à  deux  milles  du  fleuve. 

Ce  beau  village  a  une  histoire  déjà  ancienne.  C'est  en 
effet  en  1713  qu'y  fut  construite  la  première  chapelle  ;  elle 
servit  même  pendant  quelques  années  pour  tous  les  habi- 
tants établis  entre  Beaumont  et  Berthier.  Le  3  mai  1722, 
il  fut  érigé  en  paroisse  sous  le  patronage  de  Saint-Philippe 
et  de  Saint-Jacques. 

PI  St-Valier  constituait  autrefois  une  seigneurie  qui  était 
bornée  au  nord-est  par  Berthier,  au  sud-ouest  par  St- Michel 
et  en  arrière  par  le  canton  Armagh.  Elle  avait  une  lieue  et 
quart  de  largeur  sur  quatre  1  eues  de  profondeur. 

Saint-Raphael. — Pour  atteindre  cette  paroisse  dont 
l'érection  remonte  à  1855,  il  faut  descendre  ;\  St-Valier. 
La  route  qui  reste  à  faire  de  ce  dernier  endroit  n'est  que 
d'une  lieue  et  demie. 

,  Saint-Raphaël  possède  pour  son  compte  quatre  belles 
fromageries  qui  sont  d'excellent  rapport. 

St-Charles. — A  cinq  lieues  de  Québec,  est  relié  à  notre 
ville  par  le  chemin  de  fer  Intercolonial.  C'est  dans  cette 
paroisse  que  descendent  d'ordinaire  les  voyageurs  ou 
colons  qui  veulent  pénétrer  dans  l'intérieur,  gagner  les 
belles  et  florissantes  paroisses  de  St  GJ-ervais,  de  St- Lazare, 
ou  encore  atteindre,  par  le  grand  chemin  Mailloux  qui  est 
l'une  des  meilleures  routes  de  colonisation  du  pays,  les 
colonies  nouvelles  qui  ont  surgi  depuis  cinq,  dix  et  quinze 
ans  dans  les  cantons  de  Buckiand,  de  Mailloux  et  de  Roux. 

Satnt-G-ervais.  —Deux  petites  lieuis  séparent  ce  vil- 
lage de  celui  de  Saint-Charles.  C'est  une  des  paroisses 
les  plus  avancées  de  la  région.  La  plupart  des  fermes 
sont  tenues  sur  un  excellent  pied  et  l'industrie  laitière 
y  est  en  plein  progrès.  Ses  quatre^  beurreries  lui  ont 
rapporté,  l'an  dernier,  près  de  $40,000.  C'est  un  résultat 
dont  les  habitants  de  ce  village  ont  raison  d'être  fiers. 


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—  21  — 

La  belle  église  de  Saint-G-ervais  est  éclairée,  depuis 
plus  d'un  an,  au  gaz  acétylène  et  les  grands  magasins  de 
l'endroit  n'attendent  plus  qu'un  3  baisse  dans  le  prix  du 
carbure  de  calcium  pour  recourir  au  même  mode  d'éclai- 
rage. De  plus,  le  téléphone  relie  le  village  à  toutes  les 
paroisses  voisines  et  l'on  s'attend  bientôt  à  entrer  en  com- 
munication avec  Québec. 

Saint-Lazare. — C'est  la  paroisse  voisine  de  St-G-er- 
vais,  dont  elle  n'est  éloignée  que  de  six  milles.  Le  même 
esprit  de  progrès  s'y  fait  remarquer. 

Ce  village  compte  cinq  rangs  renfermant  de  bonnes 
terres  toutes  occupées  et  bien  améliorées.  Ajoutons 
qu'une  beurrerie  et  une  fromagerie  y  fonctionnent  depuis 
plusieurs  années. 

Sur  le  quatrième  rang,  les  collines  commencent  à  s'ac- 
centuer, mais  en  même  temps  quel  splendide  panorama 
s'offre  à  la  vue  du  voyageur!  De  ces  hauteurs,  l'œil  em- 
brasse le  beau  village  de  Saint-Henri,  et  perçoit,  après  le 
coucher  du  soleil,  les  reflets  de  la  lumière  électrique  qui 
illumine  la  cité  de  Québec. 

UNE  HEUREUSE  T3  A\SFDRMATI     N-3EUR     ERIES 
ET  FROMAGERIES 

Le  comté  de  Bellechasse  a  vite  réalisé  les  bénéfices 
qu'il  pouvait  tirer  de  l'industrie  laitière.  Nous  dirons 
plus:  non  seulement  il  n'a  pas  été  lent  à  suivre,  à  cet 
égard,  le  mouvement  qui  s'était  affirmé  dans  plusieurs 
autres  di-tricts  ruraux,  mais  il  est  en  train  de  le  dépasser, 
par  1'imporrance  de  sa  production  et  de  sa  fabrication, 
une  foule  d'outrés  comtés  qui  avaient  tenu  la  tête  jus- 
que-là. 

A  l'heure  actuelle,  Bellechasse  renferme  dix-sept  beur- 
reries  qui  ont  produit,  durant  la  saison  de  1899,  732,420 
livres  de  beurre,  et  neuf  fromageries  qui  ont  donné  465  296 
livres  de  fromage. 


—  22  — 

Cette  double  production  a  rapporté  au  comté  la  somme 
de  $193.013. 

Dans  toute  la  province  de  Québec,  il  n'y  a  en  réalité 
que  cinq  districts  ruraux  où  la  fabrication  du  beurre  et  du 
fromage  ont  été  plus  considérables  :  ce  sont  les  comtés  de 
Dorchester,  de  Joliette,  de  l' Assomption,  de  Fortneuf,  de 
Eimouski  et  de  Terrebonne,  et  encore  la  différence  dans  le 
montant  de  la  production  n'est-elle  pas  très  sensible? 

Nous  n'avons  guère  besoin  d'appuyer  sur  l'heureuse 
influence  d'une  industrie  qui  se  développe  dans  de  pareilles 
proportions.  On  ne  jette  pas  en  effet,  en  un  an,  $200,000 
dans  une  douzaine  de  paroisses,  sans  que  celles-ci  en  res- 
sentent de  salutaires  effets.  Le  fait  est,  qu'à  huit  ans 
d'intervalle,  nous  avons  constaté,  dans  une  récente  visite 
de  tous  les  villages  de  Bellechasse,  une  transformation 
complète.  Et  cette  transformation  s'est  opérée  non  seule- 
ment dans  les  paroisses  qui  ont  l'immense  avantage  d'être 
installées  sur  la  route  des  chemins  de  fer,  mais  même  et 
surtout  dans  les  colonies  de  fondation  récente,  éloignées 
de  dix,  quinze  et  vingt  lieues  des  voies  ferrées.  Nous  le 
disons  et  nous  le  répétons  en  toute  connaissance  de  cause, 
un  touriste  qui  aurait  passé,  il  y  a  sept  ou  huit  ans,  à  St- 
Damien,  à  Notre-Dame  Auxiliatrice  de  Buckland,  à  St- 
Philémon,  à  St-Magloire,  s'y  reconnaîtrait  à  peine  aujour- 
d'hui. Ces  petits  villages  qui  semblaient  perdus  dans  les 
montagnes  et  condamnés  à  une  sorte  de  stagnation  per- 
manente par  suite  de  leur  isolement,  ont  grandi  et  pros- 
péré à  ce  point  qu'on  pourrait  les  prendre  pour  des 
.paroisses  accusant  déjà  une  existence  d'un  demi  siècle. 
Les  terres  sont  cultivées  avec  plus  de  soin,  les  maisons 
d'habitation  plus  coquettement  bâties  et  toutes  blanchies 
à  la  chaux,  les  troupeaux  devenus  plus  nombreux,  bref, 
l'aisance  devenue  générale,  et  par  dessus  tout  le  fléau  de 
l'émigration  à  peu  près  enrayé. 


—  23  — 

PREMIERS  ESSAIS  DE  COLONISATION-LA  QUALITE  DU 
SOL-PERSPECTIVES  D AVENIR 

Le  grand  apôtre  de  la  colonisation  dans  ce  comté,  celui 
qui  en  dirigea  le  mouvement  avec  l'ardeur  et  l'énergie 
qu'il  savait  apporter  en  toutes  choses,  fut  monsieur  l'abbé 
Alexis  Mailloux.  On  a  honoré  sa  mémoire  en  donnant 
son  nom  à  l'un  des  cantons  les  plus  importants  du  comté 
ainsi  qu'à  la  plus  grande  route  de  colonisation  qui  tra- 
verse les  cantons  Maiiloux,  Roux,  Bellechasse  et  Daa- 
quam,  p^ur  aboutir  à  la  ligne  provinciale. 

Le  travail  de  propagande  de  monsieur  Mailloux  porta 
à  la  fois  sur  les  cantons  de  Buckland  et  de  Mailloux  qui 
n'étaient  alors  qu'une  épaisse  foret. 

Ce  n'était  pas  une  mince  tâche  que  celle  qu'entrepre- 
nait ici  l'intrépide  apôtre  de  la  colonisation  du  comté  de 
Bellechasse. 

Dans  ces  deux  cantons,  et  notamment  dans  celui  de 
Buckland,  la  terre  disparaissait  presque  partout  sous  un 
prodigieux  amoncellement  de  roches  et  de  cailloux.  Ceux- 
ci  et  celles-là  étaient  légion  et  il  en  allait  ainsi  jusqu'à 
Saint- Philémon.  La  somme  de  travail  que  durent  s'impo- 
ser les  premiers  pionniers  qui  tentèrent  un  établissement 
dans  ce  canton  dut  être  énorme.  Ils  avaient  à  lutter  non 
seulement  contre  la  forêt — qui  était  déjà  par  elle-même 
un  ennemi  assez  puissant — mais  encore  contre  le  sol 
qui  refusait  de  découvrir  ses  trésors  qu'à  la  condi- 
tion qu'on  le  débarrassât  préalablement  de  l'épaisse 
couche  de  cailloux  qui  le  couvrait.  Et  pourtant,  ce  tra- 
vail de  déblaiement,  tout  pénible  qu'il  fût,  s'ellectua. 
Sous  l'impulsion  de  monsieur  Mailloux  qui  avait  à  cœur 
d'assurer  le  succès  de  sou  œuvre,  il  se  rencontra  de  hardis 
et  vaillants  colons  qui  s'employèrent  à  cette  tâche  hercu- 
léenne, et  le  fruit  de  tant  d'efforts  courageux  et  persistants 
fut  la  création  de  quelques  petites  et  humbles  colonies  qui 
s'installèrent  et  se  fixèrent  des  deux  côtés  de  la  grande 
route  de  colonisation  que  le  gouvernement  de  Québec 
Aenait  de  faire  ouvrir. 


-  24  — 

Depuis  cette  date,  c'est-à-dire  depuis  plus  de  cinquante 
ans,  le  mouvement  colonisateur  dans  les  montagnes  de 
Bellechasse  n'a  point  subi  d'arrêt.  Chaque  année,  les 
anciennes  paroisses  du  comté,  comme  Saint-G-ervais,  St- 
Raphael,  Saint-Lazare,  ont  versé  un  contingent  notablet 
de  colons  dans  les  centres  en  voie  de  formatio  <$> .  On  peu 
même  dire  avec  assez  de  certitude  que  ce  sont  les  fTs  des 
cultivateurs  des  vieilles  paroisses  que  nous  venons  de 
nommer  qui  ont  été  pn  quelque  sorte  les  pionniers  de  ces 
beaux  et  florissants  villages  qui  s'appellent  aujourd'hui 
Saint-Damien,  Saint-Philémon,  Saint-Magloire.  Honneur 
donc  à  eux,  honneur  surtout  au  courage  qu'ils  ont  su 
déployer  aux  débuts  toujours  si  rudes  d'une  entreprise  de 
ce  genre  !  Ces  Vaillants  ne  se  sont  pas  laissés  arrêter  par 
les  difficultés  de  la  tâche  ;  ils  n'ont  pas  même  hésité 
devant  la  grandeur  du  sacrifice,  ni  devant  l'énorme  travail 
qui  leur  incombait.  On  les  a  vus  entamer  bravement  la 
forêt,  se  tailler,  d'année  en  année,  à  force  de  travail  et 
d'énergie  un  petit  domaine,  y  appeler  leurs  familles,  et 
constituer  finalement  de  magnifiques  colonies  en  plein 
progrès  Que  leur  noble  et  courageux  exemple  serve  à 
d'autres  ! 

LES  GANTONS  ET  LES  NOUVELLES  COLONIES 

UN   ORPHELINAT  AGRICOLE  DANS  LES  MONTAGNES  DE 

BELLECHASSE. 

Les  cantons  inféodés  au  comté  de  Bellechasse  sont  au 
nombre  d*1  six  et  forment  un  ensemble  de  102,000  arpents. 
Une  grande  route  de  colonisation — le  chemin  Mailloux  — 
les  relie  les  uns  aux  autres. 

Les  terrains  se  vendent  au  prix  de  trente  cents  l'acre, 
et  comme  partout  ailleurs,  sur  les  terres  publiques,  le 
colon  n'est  tenu  de  payer,  en  achetant  un  lot,  qu'un  pre- 
mier versement. 

Dans  tous  ces  cantons — nous  sommes  heureux  de  le  noter 
—le  mouvement  colonisateur  a  fait  des  progrès  raar. 
quants.       On  pourra  en  juger,  du  reste,  par  les  monogra- 


S  ■%Sgjiffi^ 


—  25  — 

phies  que  nous  donnerons  des  villages,  que  nous  allons 
rencontrer  dans  uue  région  qui  n'était  jadis  qu'une  im- 
mense solitude. 

Canton  Buckland — L'œuvre  du  déboisement  de  la 
forêt  dans  Buckland  remonte  à  une  époque  déjà  lointaine, 
à  l'année  1847,  et  s'est  continuée  si  bien  depuis,  que  la 
Couronne  ne  dispose  plus  que  de  cinq  à  six  cents  arpents 
de  terre  dars  ce  canton. 

Buckland  a  vu  surgir  deux  paroisses  qui  prennent  cha- 
que jour  une  importance  plus  considérable  et  dont  nous 
allons  nous  occuper  :  Saiut-Damien  et  Notre-Dame  Auxi- 
liatrice. 

SAINT  DAM I EN  DE  BUCKLAND. 

Ce  village  a  une  histoire  qui  ne  ressemble  à  nulle  autre. 
Tout  y  est  prodigieux  :  ses  débuts,  son  développement 
presque  spontané   et  surtout  ses  institutions. 

Perché  en  pleine  montagne,  à  trois  lieues  de  Saint-La- 
zare, et  à  trente  milles  du  chemin  de  fer,  Saint-Damien 
de  Buckland  n'était  encore,  il  y  a  dix-huit  ans,  qu'une 
pauvre  mission  renfermant  à  peu  près  quatre-vingts  fa- 
milles. 

Il  y  avait  cependant  des  colons  rendus  là  depuis  trente 
à  quarante  ans,  presqu'à  la  date  de  l'ouverture  de  la  grande 
route  Mailloux.  C'étaient  les  premiers.  Ils  s'appelaient 
Jean  G-agné,  Ignace  Labbé,  André  Groupil,  Ferdinand  Eoy 
Joseph  et  André  Leroux.  Ils  eurent  le  courage  de  persé- 
vérer, mais  que  de  longues  années  devaient  s'écouler 
avant  que  leur  groupe  se  grossit  de  nouvelles  recrues.  Ces 
retards  ou  ces  lenteurs  s'expliquent.  La  terre  dans  la 
région  était  énormément  pierreuse,  le  travail  de  déblaie- 
ment long  et  pénible,  les  centres  éloignés,  les  débouchés 
rares.  C'en  était  plus  qu'il  fallait  pour  vaincre  ou  amor- 
tir les  plus  robustes  volontés. 


—  26  — 

La  venue  d'un  prêtre  en  1882,  avec  mission  de  résider 
au  milieu  de  ce  premier  essaim  de  colons,  fut  saluée 
comme  un  heureux  événement. 

Monsieur  l'abbé  D.  0.  Brousseau,car  c'était  lui  qui  venait 
d'avoir  charge  de  la  nouvelle  cure  de  Saint-Damien,  réalisa 
du  premier  coup  d'œil  l'énormité  de  la  tâche  qui  lui  était 
dévolue.  La  paroisse  qu'il  devait  organiser  était  pauvre, 
elle  semblait  même  n'offrir  aucune  ressource,  et  de  plus 
le  peu  de  culture  qu'il  y  avait  se  faisait  d'après  des  mé- 
thodes surannées.  Le  curé  se  met  sans  retard  à  l'œuvre. 
Il  rumine  des  projets,  il  donne  en  plein  air,  trois  fois  la 
semaine,  des  conférences  à  son  troupeau  qu'il  rassemble 
aux  portes  de  sa  pauvre  chapelle,  lui  révèle  les  nouveaux 
procédés  de  culture,  donne  l'exemple  en  même  temps  que 
le  précepte,  en  améliorant  lui-même  les  terres  de  la  fa- 
brique, bâtit  une  église,  organise  une  beunvrie,  fonde  un 
aqueduc  qui  va  porter  l'eau  jusque  dans  les  plus  humbles 
chaumières,  introduit  la  culture  des  arbres  fruitiers  qui 
était  jusque  là  absolument  inconnue  dans  cette  ébauche 
de  village,  favorise  h  construction  de  moulins  à  scie,  met 
le  village  en  communication  téléphonique  avec  les  centres 
les  plus  reculés  du  comté.  Bref,  cet  apôtre  des  montagnes 
fait  tant  et  si  bien  qu'en  peu  d'années,  l'humble  village 
de  jadis  change  totalement  de  physionomie. 

On  se  met  à  bâtir  de  droite  et  de  gauche,  des  familles 
arrivent  de  partout,  la  paroisse  s'enrichit  chaque  année 
de  nouvelles  habitations,  les  fermes  sont  mieux  tenues  et 
donnent  un  meilleur  rendement  ;  un  ouvrier  habile,  et 
qui,  disons-le,  a  largement  contribué,  lui  aussi,  à  l'expan- 
sion du  Jvillage,  M.  Elzéar  Métivier,  élève  de  ses  propres 
mains,  un  castel  avec  vérandas  et  clochetons,  tel  que  l'on 
en  voit  dans  les  petites  cités  les  plus  huppées  ;  le  même 
ouvrier  érige  presque  en  même  temps  une  scierie  d'une 
capacité  de  30,000  à  40,000  billots,  puis  les  cultivateurs 
pris  d'émulation,  augmentent  d'année  en  année  l'effectif 
de  leurs  troupeaux  et  deviennent  les  clients  enthousiastes 


—  27  — 

de  la  beurrerie  qui  vient  d'être  créée  et  qui  leur  rapporte 
déjà  un  joli  denier.  On  arrive  enfin  à  1899,  avec  un  vil- 
lage transformé  du  tout  au  tout  et  pouvant  déjà  rivaliser 
avec  les  vieilles  paroisses.  La  gêne  d'autrefois  a  disparu  ; 
l'aisance,  grâce  à  l'industrie  laitière  et  au  commerce  de 
bois  que  l'on  y  fait,  est  devenue  presque  générale,  et  puis, 
la  population,  de  quatre-vingt-quatre  familles  dont  elle  se 
composait  dans  le  principe  lorsque  M.  Brousseau  prit 
possession  de  la  paroisse,  se  montait  au  mois  de  décembre 
1899,  à  1,0H9  personnes. 

Arrivons  maintenant  à  l'œuvre  capitale  de  Saint-Da- 
mien,  à  ce  monument  qui  étonne  en  même  temps  qu'il 
édifie  le  voyageur  qui  s'aventure  à  travers  les  montagnes 
de  Bellechasse. 

* 

On  s'extasie  volontiers  dans  notre  siècle  devant  les  con- 
quêtes faites  chaque  jour  par  l'industrie  et  l'électricité. 
Mais  voici  une  œuvre  qui  commande  bien  autrement 
notre  admiration  et  notre  respect.  C'est  la  charité  qui  l'a 
fait  germer  et  éclore  ;  elle  n'en  est  que  plus  belle  et  plus 
grande. 

Conçue  il  y  a  dix  ans,  et  exécutée  dans  le  plus  profond 
silence  par  un  jeune  prêtre  dont  le  dévouement  n'avait 
d'égal  que  son  humilité,  cette  œuvre  s'est  traduite  par  la 
création  simultanée  d'un  orphelinat  agricole,  d'un  mo- 
nastère et  d'un  hospice  oour  les  vieillards  et  les  infirmes. 

Et  qu'on  n'aille  pas  croire  qu'il  s'agisse  d'une  construc- 
tion ordinaire,  sans  élégance  ou  encore  aux  dimensions 
modestes. 

Le  bâtiment  de  l'orphelinat  que  nous  avons  eu  le  plaisir 
de  visiter  à  plusieurs  reprises,  mesure  335  pieds  de  lon- 
gueur, compte  trois  étages,  se  présente  avec  une  archi- 
tecture irréprochable  et.  renferme  un  persounel  de  cent 
trente  orphelins  que  le  fondateur  de  l'institution  a  vêtu 
et  nourri  depuis  huit  ans. 


—  28  — 

La  première  pensée  qui  envahit  le  voyageur  en  con- 
templant cet  édifice  à  proportions  grandioses,  élevé  à 
quelques  pas  de  la  forêt,  est  celle-ci  :  "  Comment,  dans  un 
pareil  milieu,  relativement  pauvre,  a-t-on  pu  trouver  les 
ressources  nécessaires  pour  ériger  une  institution  dont  le 
coût  dépasse  aujourd'hui  $60,000  ?  On  vous  répond,  et 
cette  réponse  est  la  seule  plausible  :  c'est  un  miracle  de 
la  Providence,  et  ce  miracle  se  renouvelle  tous  les  jours, 
car  l'Orphelinat  se  maintient  et  s'agrandit  sans  que  l'on 
paraisse  éprouver  le  moindre  embarras  à  trouver  les 
moyens  indispensables  pour  assurer  son  existence. 

C'est  en  s'adressant  à  la  charité  publique  que  M.  le 
curé  Broussi  au  est  parvenu  à  réaliser  son  projet,  et  la 
charité  publique,  consciente  de  la  grandeur  et  de  l'impor- 
tance de  l'œuvre,  n'a  jamais  été  sourde  à  sa  voix. 

Passons  maintenant  au  but  poursuivi  par  l'institution 
qui  vient  d'être  créée. 

Celle-ci  comprend  le  petit  et  le  «rrand  orphelinat. 

"  Le  petit  orphelinat"  est  sous  la  direction  d<-s  sœurs 
du  Perpétuel  Secours,  institut  que  M.  Brousse -ui  a  créé 
lui-même  pour  les  fins  de  son  œuvre. 

Il  comprend  les  petits  garçons  et  les  petites  filles. 

Les  bonnes  sœnrs  s'occupent  d'abord,  sous  la  direction 
du  chapelain  qui  est  M.  Brousseau.  de  l'instruction  reli- 
gieuse et  intellectuelle  de  ces  enfants.  Lesjeunes  garçons 
travaillent  ensuite  à  différentes  heures  de  la  journée  aux 
travaux  des  champs.  On  leur  donne  des  leçons  d'agricul- 
ture, d'horticulture  et  d'arboriculture  théoriques  et  pra- 
tiques, suivant  leur  âge. 

Les  filles  reçoivent  des  leçons  d'économie  domestique, 
apprennent  à  faire  la  cuisine,  filer,  tricoter,  tisser,  les 
travaux  aux  jardins  potagers,  même  à  cultiver  les  fleurs, 
comme  récréation.  Elles  apprennent  en  outre  à  tenir  une 
laiterie,  faire  le  beurre  et  toutes  les  choses  indispensables 
pour  faire  une  bonne  ménagère. 


—  29  — 

Quant  au  grand  orphelinat  que  M.  le  curé  Brousseau 
se  propose  de  construire  incessamment,  voici  son  utilité. 
Jusqu'à  ces  dernières  années,  le  petit  orphelinat  renvoyait 
les  garçons  à  Vàge  de  14  et  15  ans.  On  les  plaçait  chez 
des  parents,  dans  des  familles  qui,  généralement,  se  mon- 
traient assez  peu  intéressées  à  l'avenir  de  ces  enfants. 
Arrivés  en  effet  à  un  certain  âge,  ces  enfants  quittaient  ces 
familles  et  allaient  se  fixer,  dans  les  villages  du  Canada, 
ou  aux  Etats-Unis  et  finissaient  même  par  devenirld'assez 
mauvais  sujets. 

'.'est  pour  remédier  à  cet  état  de  choses  que  M.  le  curé 
Brousseau,  toujours  sur  la  brèche,  a  résolu  de  créer  le 
grand  orphelinat  d'agriculture  et  de  colonisation,  qui 
complétera  le  petit  orphelinat.  Ces  jeunes  garçons  passe- 
ront à  l'âge  de  douze  à  treize  ans  sous  la  direction  d'une 
communauté  spéciale  de  religieux  en  voie  de  formation 
dont  le  but  sera  de  les  diriger,  de  continuer  leur  instruc- 
tion dans  l'agriculture  et  de  les  grouper  ensuite  dans  un 
centre  de  colonisation. 

Pour  réaliser  ce  projet,  M.  l'abbé  Brousseau,  a  acheté, 
il  y  a  un  an,  700  acres  de  terre  en  bois  debout,  a  quatorze 
arpents  de  St-Damien,  dans  un  fort  joli  site  qui  donne  sur 
un  lac  appelé  le  lac  Vert. 

Les  jeunes  orphelins  y  ont  déjà  défriché  trente-cinq  acres. 
L'une  de  nos  gravures  représente  ce   premier  défriche- 
ment effectué  sur  l'île  du  Lac  Yert. 

On  me  pardonnera  facilement,  j'en  suis  sûr,  d'avoir 
appuyé  quelque  peu  sur  l'importance  de  cette  création, 
belle  entre  toutes,  et  si  pleine  de  promesses  pour  l'avenir 
de  notre  jeunesse  des  campagnes.  Dans  un  temps  où  nos 
hommes  publics  s'ingénient  à  chercher  les  moyens  les  plus 
expéditifs  de  faire  coloniser  les  terres  de  la  Couronne. — 
il  m'a  paru  bon  et  utile  de  citer  l'exemple  de  ce  pauvre 
mais  intrépide  missionnaire,  faisant  surgir,  sur  la  cîme 
de  nos  montagnes  et  presqu'en  pleine  forêt,  une  institu- 
tion  appelée  en  quelque  sorte  à  réaliser  une  partie  du 


—  30  — 

programme  patriotique  poursuivi  par  tous  les  gouverne- 
ments. 

Inutile  d'ajouter  que  cette  œuvre  a  conquis,  depuis 
qu'elle  est  connue,  les  sympathies  du  gouvernement  de 
Québec,  et  que  l'honorable  M.  Turgeon,  commissaire  de 
la  Colonisation  et  des  Mines,  est  lui-même  l'un  de  ses  plus 
ardents  admirateurs.  L'an  dernier,  l'honorable  M.  Tur- 
geon a  fait  contribuer  généreusement  le  Commissariat  de 
la  Colonisation  au  soutien  de  l'œuvre  de  St-Damien  et 
et  nous  serions  bien  étonné  si  le  même  ministre  dont  la 
haute  intelligence  sait  apprécier  la  grandeur  et  la  noblesse 
d'une  pareille  œuvre,  ne  lui  continuait  point  ses  largesses. 

J'ai  dit  ailleurs  que  l'Orphelinat  agricole  se  combinait 
d'un  hospice  pour  les  infirmes  et  les  vieillards  du  comté 
de  Bellechasse.  Je  dois  ajouter  que  cet  hospice  se  soutient 
comme  l'Orphelinat,  par  la  charité  publique. 

Enfin,  pour  terminer,  St-Damien  est  devenu  depuis  quel- 
ques années,  un  lieu  de  pèlerinage  Son  digne  curé  a  fait 
élever,  attenant  à  l'Orphelinat,  une  fort  jolie  chapelle  en 
l'honneur  de  Ste-Anne  des  Montagnes,  et  ce  sanctuaire 
est  fréquenté  chaque  année,  par  dix  ou  douze  mille 
pèlerins. 

NOTRE  DA      E  DE  BUCKLAND 

C'est  le  village  voisin  de  St-Damien  dont  il  n'est  distant 
que  de  deux  lieues  et  demie.  Il  renferme  une  population 
de  plus  de  douze  cents  âmes  et  la  propriété  foncière  y  était 
estimée,'  il  y  a  moins  de  deux  *ns',  à  $150,000. 

Ce  n'est  pas  précisément  une  paroisse  nouvelle  que 
Notre-Dame  Auxiliatrice  de  Buckland,  mais  elle  a  subi  de 
si  notables  changements  depuis  sept  à  huit  ans  que  le 
fait  vaut  la  peine  d'être  mentionné. 

A  l'instar  de  St-Damien,  dont  le  sol  est  à  peu  près  le 
même,  c'est-à-dire  absolument  rocheux,  Notre-Dame  Auxi- 
liatrice de  Buckland  a  végété  de  longues  années.  C'était 
naguère  encore  un   village   à  l'apparence   chélive   et  où 


SAINT-DAMIENV    Intérieur  du  village.     Maison  de 
Elz,  JNJétivier,  entrepreneur,  etc. 


SAINT-D  A  MIEN.—  Enfants  de  l'orphelinat  agricole 
occupés,  sous  la  direction  de  M.  le  curé  Brousseau,  à 
faire  des  défrichements  à  l'île  du  lac  Vert. 


-  31  — 

faute  de  débouchés  et  d'industrie,  la  gêne  avait  éiu  domi- 
cile Tout  cela  est  maintenant  du  domaine  du  passé. 
L'industrie  laitière,  en  pénétrant  dans  les  montagnes  de 
Bellechasse,  où  les  pâturages  sont  excellents,  a  révolu- 
tionné ce  village  comme  tous  ceux  qui  l'avoisinaient.  Le 
village  est  presque  rebâti  à  neuf,  ,<es  maisons  sont  plus 
proprettes,  les  cultivateurs  paraissent  plus  heureux. 
Notre-Dame  Auxiliatrice  alimente  actuellement  quatre 
beurreries  qui  fonctionnent  à  merveille  et  qui  forment  une 
bonne  source  de  rêve: u us  pour  ses  patrons. 

SAINT  NAZAIRi£ 

Dans  le  quatrième  rang  de  Buckland  et  un  peu  en 
arrière  de  St-Malachie,  l'on  rencontre  une  nouvelle 
misson  qui  a  été  désignée  sous  le  vocable  de  St-Nazaire. 

Cette  mission,  dotée  récemment  d'une  chapelle,  est  des- 
servie par  un  jeune  prêtre,  M.  l'abbé  Dubé. 

Canton  Mailloux. — C'est  le  canton  voisin  de  Buck- 
land et  c'est  encore  la  belle  et  grande  route  de  Mailloux 
qui  lui  donne  accès. 

Le  gouvernement  dispose  dans  ce  canton  de  14,000 
arpents  de  terres. 

Le  sol  ici,  comme  dans  Buckland,  ne  laisse  pas  que  d'être 
fort  rocheux.  Mais  il  parait  que  ce  n'est  plus  là  une 
objection  pour  les  colons  au  cœur  vaillant  ;  au  reste, 
l'expérience  a  prouvé  qu'on  finissait  toujours  par  triom- 
pher de  cet  obstacle  naturel. 

Les  meilleurs  lots  à  prendre  se  trouvent  dans  les  rangs 
Nord-Est  et  Sud-Ouest  de  la  rivière  du  Pin  et  dans  la 
partie  Est  des  rangs  un  et  deux. 

Le  sol,  dans  ces  rangs,  se  compose  de  terre  grise,  de 
terre  noire  et  de  terre  jaune  :  il  est  favorable  à  la  culture, 
quoiqu'un  peu  rocheux.  On  y  trouve  de  l'érable,  du  me- 
risier, du  bouleau,  de   l'épinette,  du  cèdre  et  du  sapin. 


—  32  — 

Un  explorateur  qui  a  passé  là  en  1893,  a  noté  que  la  belle 
épinette  et  le  beau  cèdre  avaient  été  enlevés. 

SAINT.PHILEMON 

C'est  une  paroisse  formée  à  même  le  canton  précédent. 
Elle  compte  sept  rangs  à  l'est  de  la  grande  ligne  et  pos- 
sède un  curé  résident  depuis  bientôt  quatorze  ans  :  M. 
l'abbé  Clément  Levêque. 

M.  Levêque  porte  un  vif  intérêt  au  développement  de 
sa  paroisse.  Celle-ci  lui  doit  en  grande  partie  l'organisa- 
tion d'une  excellente  beurrerie  qui  a  rapporté  l'an  der- 
nier $6,000.  Elle  lui  doit  encore  un  service  téléphonique 
qui  la  met  en  communication  avec  les  paroisses  de  Saint- 
Yalier,  de  St-Raphaèl  et  St-Cajetan  d'Armagh 

La  population  de  St  Pnilémon  était  au  1er  janvier  1900 
de  903  âmes. 

Le  village  possède  depuis  un  ans  médecin  résident. 
L'argent  des  terres,  M.  L.  F.  Turgeon,  y  a  aussi  son  do- 
micile. 

L'ancienne  église  étant  devenue  trop  exiguë,  l'on  s'oc- 
cupe en  ce  moment  à  en  rebâtir  une  nouvelle  qui  sera 
plus  spacieuse  et  plus  élégante. 

D'après  M.  le  curé  Levêque,  qui  est  un  homme  d'initia- 
tive, une  seule  chose  manque  au  bonheur  de  la  jjaroisse 
de  St-Philémon  et  de  la  région  avoisinante  :  c'est  une 
Voie  ferrée  qui  rapprocherait  sensiblement  toute  cette 
contrée  de  Québec  et  faciliterait  la  vente  des  produits 
agricoles.  Actuellement,  les  habitants  des  cantons  Mail- 
loux  et  Roux  ont  vingt,  trente  et  quarante  milles  à  faire 
pour  atteindre  la  première  station  de  chemin  de  fer.  M. 
Levêque  a  sur  le  métier  tout  un  plan  à  cet.  éga*d.  Le 
chemin  de  fer  qu'il  projette  et  dont  il  a  saisi  les  pouvoirs 
publics,  partirait  de  Saint-Anselme,  dans  le  comté  de 
Dorchester,  et  aboutirait  à  Edmonton,  dans  le  Nouveau- 
Brunswick,  traversant  les  paroisses  de  St-Anselme,  de  Ste- 
Claire,  de  St-Damien,  de  Notre-Dame  de  Buckland,  de  St- 


y, 

o 


Ph 

H 

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—  33  — 

Philémon,  de  St-Paul  de  Montminy,  de  Ste- Apolline,  de  St- 
Marcel,  de  St-Damase,  de  Ste-Perpétue  et  de  St-Eleuthère. 
Cette  voie  ferrée  longerait,  paraitralt-il,  de  belles  terres 
propres  à  la  colonisation,  en  même  temps  qu'elle  engage- 
rait un  grand  nombre  de  colons  nouveaux  à  venir  s'éta- 
blir dans  cette  région. 

Canton  Eoux.— Il  faut  traverser  les  cantons  Buckland 
et  Mailloux  pour  atteindre  le  canton  Eoux. 

Ce  canton  est  assez  montagneux,  mais  les  terres  y  sont 
de  bonne  qualité,  sauf  dans  le  rang  sud-ouest  qui  laisse 
quelque  peu  à  désirer. 

On  compte  ici  plusieurs  sites  de  moulins  et  quelques 
lacs  assez  poissonneux. 

Le  principal  bois  du  canton  est  l'épinette,  mais  il  y  a 
aussi  du  bouleau,  du  merisier  et  de  l'érable. 

Il  reste  près  de  trois  cents  lots  à  vendre. 

St  Magloire 

Il  faut  défiler  à  travers  une  série  de  côtes  assez  escarpées 
avant  d'atteindre  cette  paroisse  formée  à  même  le  canton 
Roux  et  de  partie  des  cantons  de  Bellechasse,  de  Daaquam, 
de  Rolette  et  de  Panet. 

St-Magloire  se  trouve  située  sur  le  versant  sud  des 
Alleghanys  qui  la  séparent  de  la  paroisse  de  St-Philémon, 
à  quatre  lieues  de  distance.  La  rivière  St-Jean  qui,  dans 
cette  partie  du  pays  constitue  la  frontière  entre  le  Canada 
et  les  Etats-Unis,  borne  St-Magloire  au  sud. 

Les  commencements  de  ce  village  datent  de  1860,  alors 
que  le  révérend  M.  Beaubien  y  conduisit  un  groupe  de 
colons  dans  le  but  d'y  visiter  les  terres. 

L'impression  fut  favorable,  car  dès  l'année  suivante, 
toute  une  petite  colonie  vint  s'y  fixer.  Les  premiers 
pionniers  furent  MM.  Alexis  Couture,  Hilaire  Bnsson, 
Louis  et  Jean  Laçasse,  Normand  Boulanger,  François 
Boulanger. 
3 


—  34  — 

Mgr.  Baillarpeon,  ancien  archevêque  de  Québec,  plaça 
cette  immense  étendue  de  pays  sous  le  patronage  de  St* 
Magloire  en  l'honneur  de  son  premier  desservant,  M, 
Magloire  liioux. 

En  186*7,  fut  construite  la  première  chapelle.  On  y 
célébra  la  messe  pour  la  première  fois  le  28  mars 
1867.  Il  y  avait  alors  dans  St-Magloire  131  âmes.  En 
1876,  l'église  fut  construite,  mais  étant  devenue  trop 
exiguë,  on  lui  a  fait  subir  en  1899  des  réparations  qui  en 
ont  fait  une  des  plus  belles  églises  du  comté. 

Cette  colonie  a  piospéré  rapidement.  En  1891,  l'on  y 
comptait  déjà  26,000  arpents  sous  culture  et  près  de  7,000 
arpents  améliorés.  Il  y  avait  en  outre  3,000  acres  en 
pâturages. 

St-Magloire  et  toute  la  région  qui  l'avoisine  est  fort 
giboyeuse.  Le  chevreuil,  le  caribou  et  la  perdrix  foison- 
nent. Let*  troupeaux  de  chevreuils  sont  même  si  considé- 
rables qu'ils  constituent  une  nuisance  et  que  bon  nombre 
de  cultivateurs  se  plaignent  des  dommages  causés  à  leurs 
récoltes  par  ces  animaux. 

On  a  monté  depuis  deux  ans  une  beurrerie  qui  fait  un 
grand  bien  à  la  localité.  Elle  a  donné  l'an  dernier  plus 
de  $9,000. 

Les  pâturages  de  Saint-Magloire  et  de  toutes  les  collines 
qui  Tavoisinent  sont  excellents.  Aussi  les  cultivateurs 
stimulés  par  leur  digne  curé,  M.  l'abbé  Mercier,  cherchent- 
ils  à  augmenter  chaque  année  leurs  troupeaux  de  vaches. 
On  s  accorde  à  reconnaître  que  l'industrie  laitière  est  une 
ressource  merveilleuse  pour  ces  colons  éloignés. 

Les  familles  des  colons  sont  ici  très  nombreuses  et 
peut-être  plus  nombreuses  que  dans  n'importe  quelle  autre 
partie  de  Bellechasse.  On  y  comptait  au  mois  de  juin 
1900,  onze  familles  qui  avaient  plus  de  douze  enfants 
vivants.     Une  d'elles  en  comptait  même  dix-neuf. 

Le  village  se  développe  assez  rapidement.  La  popu- 
lation qui,  au  recensement  de  1891,  accusait  un  total  de 


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—  35  — 

1,000  personnes,  est  montée,  d'après  un  récent  dénombre- 
ment fait  par  M.  le  curé  Mercier,  à  1,300  âmes. 

Cantons  Bellechasse  et  Daaquam.  —Dans  les  4èmer 
5ôme,  6ème  et  7ème  rangs  de  Bellechasse,  le  sol  est  uni, 
beaucoup  moins  rocheux  que  dans  les  cantons  de  Buck- 
land  et  de  Mailloux  et  la  terre  est  bonne. 

Du  reste,  le  courant  colonisateur  semble  se  porter,  de  ce 
côté,  depuis  quatre  ou  cinq  ans. 

La  forêt  est  très  belle  dans  le  canton  Bellechasse.  On  y 
rencontre  du  beau  merisier  et  de  l'érable.  Il  y  a  aussi 
de  l'épiuette  en  assez  grande  quantité, 

Le  gouvernement  dispose  encore  de  seize  mille  arpents 
dans  ce  canton. 

Une  autre  belle  étendue  de  terre  qui  ne  manquera  point 
d'attirer  avant  peu  les  colons,  se  rencontre  dans  la  vallée 
de  la  rivière  Daaquam,  située  entre  la  rivière  de  ce  nom 
et  la  rivière  St-Jean. 

Ici,  plus  de  roches,  mais  un  terrain  des  plus  unis  et  de 
première  qualité  On  se  portera  nécessairement  avant  peu 
de  ce  côté,  du  moment  que  les  communications  seront 
devenues  plus  faciles. 

La  Vallée  de  Daaquam  — au  dire  de  ceux  qui  l'ont 
parcouru — est  l'une  des  plus  magnifiquement  boisées  que 
l'on  puisse  trouver.  C'est  toute  une  épaisse  forêt  de  beaux 
et  grands  arbres:  épinette,  bouleau,  merisier,  érable  et 
hêtre  en  abondance.  Cette  forêt  est  fréquentée  par  l'ori- 
gnal et  le  caribou.  Près  de  la  rivière  St-Jean,  les  MM. 
Kilburn  font  depuis  plusieurs  années  des  chantiers  consi- 
dérables. 

ST-CAMILLE 

Une  région  aussi  favorisée  que  celle-là  ne  pouvait  man- 
quer d'attirer  des  défricheurs.  Ou  s'y  est  même  porté  avec 
tant  d'entrain  depuis  trois  ou  quatre  ans  qu'une  nouvelle 
mission  sous  le  vocable  de  St-Camilie  a  dû  êt~e  créée  et. 
qu'une  chapelle  va  être  érigée  incessamment. 


—  36  — 

St-Camille  comprend  dans  ses  limites  les  trois  derniers 
rangs  dn  canton  de  Bellechasse  et  le  premier  rang  de 
Daaquam.  La  nouvelle  mission  qui  comprend  déjà  une 
population  de  quatre  cents  âmes,  est  desservie  par  M.  le 
curé  de  St-Magloire. 

St-Camille  n'est  qu'à  huit  milles  de  St-Magloire,  et  il  y 
a  maintenant  de  bons  chemins  pour  y  arriver. 

Canton  Armagh. — Ce  canton  est  colonisé  sur  une 
grande  étendue.  Ce  qui  reste  n'est  guère  propre  à  faire 
de  bons  établissements  agricoles.  Des  explorateurs  ont 
même  relevé  trois  concessions  où  la  terre  était  très  rocheuse 
et  de  qualité  absolument  inférieure  :  ce  sont  les  rangs 
trois,  quatre  et  cinq  Sud-Ouest.  Par  contre,  ils  sont  bien 
boisés  en  épinette. 

ST  CAJETAN  D'ARMACH 

Cette  paroisse,  forte  aujourd'hui  de  1,000  âmes,  prend 
toute  la  partie  colonisable  du  canton  Armagh. 

Comme  les  pâturages  y  sont  excellents,  l'industrie 
laitière  a  vite  pris  racine  dans  ce  village.  On  y  compte 
trois  fromageries  qui  ont  rapporté,  dans  le  cours  de  l'été 
de  1899,  près  de  $18.000. 


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COMTE  DE  MONTMAGNY 


LES  SEIGNEURIES  ET    PRINCIPALES   PAROISSES -APERÇU 

GENERAL 

Montmagny,  comme  au  reste,  la  plupart  des  comtés 
situés  sur  le  bord  du  fleuve  St-Laurent,  a  vu  arriver  ses 
premiers  colons  sous  le  régime  de  la  domination  française 
et  peu  après  la  fondation  des  premiers  établissements  à 
Québec. 

Une  bonne  partie  de  son  territoire  avait  été  même,  dès 
cette  époque,  partagée  en  seigneuries  et  en  fiVfs. 

C'était  d'abord  la  seigneurie  de  la  rivière  du  Sud,  mesurant 
une  lieue  et  demie  de  profondeur  et  bornée  en  front  parle 
fleuve  St-Laurent.  Elle  avait  été  concédée  le  5  mai  1646 
au  chevalier  Chs.  Huaut  de  Montmagny,  et  devint  en 
172 '^  la  propriété  de  Jean-Baptiste  Couillard,  del'Espinay. 
Cette  Seigneurie  comprend  aujourd'hui  dans  ses  limites, 
la  ville  de  Montmagny  constituée  en  corporation  depuis  1833, 
forte  d'une  population  de  1800  à  2000  âmes,  puis  la  pa- 
roisse» de  S t -Thomas  qui  compte  2,900  habitants,  et  la  pa- 
roisse de  Si-Pierre  dont  la  population  est  estimée  à  1.400 
habitants 

Les  modestes  commencements  du  village  de  St-Thomas 
ont  été  racontés  autrefois  par  un   ptibliciste   bien   connu, 
M.  Eugène  Renault.     Ce  n'était  en   1679   qu'une   petite 
bourgade  composée  tout  au  plus  d'une  dizaine  de  familles 
groupées  dans  les  environs  immédiats  de  l'embouchure  de 
la  Rivière  à  Caille,  autour  d'une  modeste  chapelle  en  bois 
L'établissement  porta  tout  d'abord  le  nom  de  Pointe  à  La 
caille,  puis,  plus  tard,  lorsque  la  paroisse  fut   érigée   civi 
lement  et  canoniquement,  le  nom  de  St-Thomas   de   la 
Pointe  à  Lacaille.     Aujourd'hui,  la  paroisse  est  désigné 
sous  le  nom  de  Saint  Thomas  de  Montmagny. 


—  38  — 

Plusieurs  cours  d'eau  assez  importants  sillonnent  cette 
ancienne  Seigneurie  de  la  rivière  du  Sud.  Notons  tout 
d'abord  la  r.vière  du  Sud  qui  traverse  l'intéressante  ville 
de  Montmagny  et  qui  avant  de  se  jeter  définitivement 
dans  1  fleuve,  forme  un  large  bassin  qui,  à  haute  marée, 
constitue  un  bon  havre  de  refuge  pour  les  petits  vaisseaux 
La  rivière  du  Sud  forme  aussi  à  l'extrémité  de  la  ville, 
une  belle  chute  de  30  à  40  pieds  de  hauteur  que  l'on 
utilise  pour  l'éclairage  électrique  de  la  ville.  Il  y  a  aussi 
le  Bras  de  St-Nicholas  et  la  Rivière  à  Lacaille. 

Montmagny  est  devenu  depuis  un  assez  grand  d'an- 
nées, une  ville  des  plus  intéressantes.  On  y  remarque  une 
superbe  église,  un  hôtel  de  ville,  un  palais  de  justice,  un 
grand  bureau  de  poste,  une  bonne  école  commerciale,  un 
couvent,  un  hospice  pour  les  vieillards  et  les  infirmes,  les 
vastes  moulins  des  Messieurs  Price,  une  importante  fon- 
derie dirigée  par  un  industriel  entreprenant,  M.  A  niable 
Bélanger,  de  grands  magasins,  un  moulin  à  f  (rine,  et  de 
fort  jolies  villas.  La  gare  du  chemin  de  fer  Intercolonial, 
qui  est  fort  animée  surtout  durant  l'été,  n'est  qu'à  quel- 
ques arpents  de  la  ville,  et  à  onze  lieues  de  Québec. 

La  valeur  de  la  propriété  foncière  de  la  ville  était 
estimée  en  1899  à  $300,000. 

L'is/e  aux  Grues  et  1'  Isle  aux  Oies  qui  font  presque  face 
à  la  ville  de  Montmagny  et  à  la  paroisse  de  l'Islet  étalent 
aussi  originairement  des  annexes  de  la  Seigneurie  de  la 
rivière  du  Sud,  ayant  été  concédées  en  même  temps.  L'isle 
aux  Oies  est  la  propriété  des  dames  religieuses  de  l'Hôtel 
Dieu  de  Québec. 

L'Ile  aux  Grues  figure  dans  le  recensement  de  1688. 
Elle  contenait  déjà  à  cette  époque  reculée  une  population 
de  99  personnes  et  171  arpents  en  culture. 

A  l'heure  actuelle,  la  population  est  de  586  âmes  avec 
2,552  acres  de  terre  sous  culture,  et  2415  acres  en  pâturage. 


—  39  — 

Le  Cap  Saint-Ignace  belle  paroisse  de  3,539  âmes» 
avait  été  aussi  érigé  autrefois  eu  fief.  Il  était  borué  au 
nord-est  par  la  Seigneurie  de  Yincelot,  au  nord-ouest,  parle 
fief  Gragné,  en  arrière  par  la  Seigneurie  de  Ste-Claire  et  en 
front  par  le  fleuve  St-Laurent.  Ce  village,  où  se  recon- 
trent de  magnifiques  fermes,  n'est  qu'à  sept  milles  de  la 
ville  de  Montmagny  et  est  relié  par  le  chemin  de  fer  In- 
tercolonial. On  y  compte  trois  beurreries  qui  font  d'ex- 
cellentes affaires. 

La  Seigneurie  Vincelot,  fut  partagée  en  deux  con- 
cessions. La  première  qui  comprenait  une  lieue  carrée, 
fut  octroyée  en  1672  par  l'intendant  Talon  à  Dame  veuve 
Àmyot.  Elle  était  bornée  au  nord-est  par  le  fief  Bon- 
secours,  dans  le  comté  de  l'Islet,  au  sud-ouest  par  le  Cap 
St-Ignace  et  la  seigneurie  de  Ste-Claire,  en  front  par  le 
le  fleuve  et  en  arrière  par  les  nouveaux  cantons» 

La  deuxième  concession  de  cette  seigneurie,  compre- 
nant "l'augmentation",  fut  faite  le,  1er,  février  1693  par 
Frontenac  au  sieur  de  Vincelot.  Elle  mesurait  une  lieue 
de  front  sur  deux  lieues  de  profondeur. 

La  Seigneurie  de  Ste-Clajre,  d'une  lieue  de  largeur 
sur  deux  lieues  de  profondeur,  était  bornée  au  nord-est 
par  le  fief  Vincelot,  au  sud-ouest  par  le  fief  Fournier,  en 
arrière  par  les  cantons  et  en  front  par  le  Cap  St-Ignace  et 
le  fief  G-agnier. 

Elle  avait  été  concédée  à  René  Lepage,  déjà  seigneur 
de  Rimouski,  le  17  mars  1793. 

Le  fief  G-agnier.,  qui  ne  comprenait  que  dix  arpents 
de  front  sur  un  arpent  de  profondeur,  fut  concédé  le  3 
septembre  1675  à  Sieur  Louis  G-agnier  dit  Bellavance. 
Ce  fief  était  borné  en  front  par  le  fleuve,  au  nord-est  par 
le  Cap  St-Ignace,  au  sud-ouest  par  le  fief  Fournier  et  en 
arrière  par  la  Seigneurie  Ste-Claire. 


—  40  — 

Le  fief  Fournier,  fut  octroyé,  comme  l'indique  son 
nom  à  Sieur  Louis  Fournier,  le  3  novembre  1672,  par 
l'intendant  Talon.  Ce  fief  qui  mesurait  trente  arpents  de 
largeur  sur  21  arpents  de  profondeur,  était  borné  en  front 
par  le  fleuve. 

Le  fief  L'Epinay,  se  trouvait  situé  en  arrière  de  Saint- 
Thomas.  Il  avait  trois  lieues  de  largeur  sur  une  lieue  et 
demie  de  profondeur.  Le  gouverneur  de  Callière  l'avait 
concédé  le  7  avril  1701  à  Jean  Baptiste  Couillard,  Sieur 
l'Epinay. 

Ce  fief  devenu  la  propriété  de  M.  Couillard  Dupuis, 
est  traversé  par  la  rivière   Morigeau. 

La  partie  située  en  arrière  de  Montmagny  n'est  pas 
encore  exploitée,  et  l'on  y  remarque  encore  beaucoup  de 
bon  bois. 

La  Seigneurie  de  Berthier,  fut  donnée  par  Tinten- 
dent  Talon,  le  29  octobre  1672  à  Sieur  Berthier.  En  1780,  les 
Dames  religieuses  de  l'Hôtel  Dieu  de  Québec  obtenaient  la 
donation  de  ce  fief  par  testament  de  Mossire  Charles  des 
Bergères  de  Rigauville,  vicaire  général.  Cette  seigneurie 
bornée  en  front  par  le  fleuve,  au  sud-ouest  par  St-Valier 
et  en  arrière  par  la  rivière  du  Sud,  comprenait  deux  lieues 
de  front  et  autant  de  profondeur. 

Le  village  de  Berthier,  qui  se  trouve  dans  les  limites 
de  cette  ancienne  Seigneurie,  commande  par  sa  position 
une  perspective  des  plus  grandioses.  L'œil  embrasse  du 
même  coup,  les  islets  de  Bellechasse,  l'île  Madame,  l'île 
aux  Grrues  et  l'île  d'Orléans.  Un  bateau  à  vapeur,  le 
Montmagny,  qui  fait  escale  à  l'île  d'Orléans  et  à  St«Michel 
dessert  en  même  temps  cet  intéressant  village,  dont  la 
population,  au  dernier  recensement,  était  de   1152  âmes. 

En  arrière  de  Berthier,  l'on  rencontre  la  paroisse  de  St- 
François,  reliée  à  Québec  par  le  chemin  de  fer  Intercolo- 
nial. Cette  paroisse  compte  une  population  de  1544 
habitants. 


—  41  — 

MOUVEMENT  DE  LA  POPULATION 

La  superficie  du  comté  de  Montmagny  est  de  653  milles 
carrés,  équivalant  à  418,158  acres. 

Sa  population  au  recensement  de  1891,  s'élevait  à 
14726  âmes. 

Montmagny  est  au  nombre  des  comtés  qui  accusent  une 
diminution  de  population  depuis  la  dernière  décade. 
Cette  diminution  s'est  chiffrée  par  un  total  de  1,600  per- 
sonnes que  l'esprit  d'aventure  a  conduit,  au  moins  pour 
un  assez  grand  nombre,  sur  la  terre  américaine. 

D'autres  qui  étaient  exclusivement  adonnés  à  la  pêche, 
ne  trouvant  plus,  à  la  suite  de  la  liquidation  de  quelques 
maisons  commerciales,  à  exercer  avec  profit  leur  industrie, 
allèrent  fonder  de  petites  colonies  sur  les  côtes  de  G-aspé.  * 

Depuis  quelques  années  cependant  cette  regrettable 
déperdition  de  forces  a  subi  un  arrêt  Les  crises  périodi- 
ques de  l'industrie  américaine  ont  fini  par  dessiller  les 
yeux  du  plus  grand  nombre  et  le  contingent  fourni  à 
l'émigration  n'est  plus  désormais  qu'une  quantité  négli- 
geable. 

Quoique  l'on  n'ait  pu  faire,  pour  ce  comté,  cette  réclame  à 
outrance  qui  pousse  les  masses  à  se  fixer  en  d'autres 
parties  du  pays,  il  importe  de  ne  pas  ignorer  que  les 
vieilles  paroisses  du  comté  de  Montmagny  constituent  de 
bons  centres  agricoles  et  que  les  cantons  qui  les  envi- 
ronnent, pouv  être  inférieurs  à  bien  d'autres,  offrent 
encore  une  perspective  assez  encourageante  aux  colons. 

EXPLOITATIONS  AGRICOLES  ET  INDUSTRIE  LAITIERE 

En  1891,  voici  ce  que  représentaient  dans  ce  comté, 
l'étendue  et  la  condition  des  exploitations  agricoles  : 


*  11  y  a  une  quinzaine  d'années,  Montmagny,  le  Cap  S t- Ignace,  etc., 
contenaient  une  population  flottante  d'environ  cinq  à  six  cents  pêcheurs 
qui  partaient  invariablement  le  printemps  et  l'automne  pour  la  côte  Nord 
ou  même  les  côtes  de  la  Gaspésie,  dans  le  but  de  faire  la  pêche  pour  le 
compte  de  la  maison  Robin  et  de  quelques  autres  maisons  de  Gaspé. 


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—  42  — 

Nombre  d'acres  améliorés 97,755 

Nombre  d'acres  sous  culture 59,919 

Nombre  d'acres  en  forêt 87,043 

Nombre  d'acres  en  jardins  et  vergers 11,711 

Les  produits  des  champs  avaient  donné,   la   même 
année,  les  résultats  suivants  : 

Boisseaux  de  blé 15,314 

orge 11,013 

avoine 162,418 

seigle 4,683 

pois 4,074 

sarrazin 9,631 

patates 217,712 

Tonnes  de  foin 24,962 

Le  nombre  de  fromageries  était  de  six  en  1899,  avec  en 
plus  dix  beurreries.  Trois  d'entre  elles  fonctionnent  avec 
succès  dans  la  ville  de  Montmagny. 

Les  dix  beurreries  ont  produit  en  1899,  422,550  livres  de 
beurre,  représentant  une  valeur  de  $84,510  et  les  froma- 
geries ont  donné  375,816  livres  de  fromage  d'une  valeur  de 
$37,581. 

Les  cercles  agricoles — il  y  en  avait  six  en  opération  en 
1897 — font  aussi  une  bonne  besogne.  Sous  leur  impul- 
sion, la  routine  fait  place  chaque  jour  à  des  méthodes 
plus  rationnelles  et  conséquemment  plus  conformes  au 
progrès . 

INDUSTRIE  FORESTIERE    LA  MAISON  PRICE 

L'industrie  des  bois  est  un  autre  facteur  puissant  con- 
stituant à  la  fois  une  grande  ressource  pour  les  marchands 
de  bois  et  pour  les  colons  dans  Montmagny. 

La  supeiflcie  actuellement  sous  licence  de  coupe  de 
bois  dans  les  comtés  réunis  de  Montmagny  et  de  l'Islet 
est  de  770  milles,  et  depuis  une  trentaine  d'années  les 
principales  maisons  qui  se  sont  engagées  dans  cette 
industrie,  ont  été  tour  à  tour  MM.   Léandre  Méthot,  du 


NOTP.E-DAME  DU  ROSAIRE  (sur  la  route  Beaubien 
Vue  de  l'égli-e  et  du  village. 


SAINTE-APOLLINE  (sur  le  chemin  Taché).— Vue  des  défrichements 
et  des  habitations. 


—  43  — 

Cap  St.  Ignace,  Chs.  King,  Cunliffe  et  Stevens,  Morrow  et 
Connors,  Priée  &  Frères,  ¥m.  Muirhead. 

A  l'heure  actuelle  c'est  la  maison  Price  qui  tient  la  tête 
de  cette  industrie.  Elle  détient  à  elle  seule  350  milles  de 
limites  dans  les  comtés  réunis  de  Montmagny,  l'Islet  et 
Bellechasse  et  possède  dans  la  ville  de  Montmagny,  au 
Cap  St-Ignace  et  au  village  des  Trois-Saumons,  d'im- 
menses moulins  à  scie  qui  requièrent,  bon  an,  mal  an,  les 
services  de  300  à  400  hommes.  Les  chantiers  donnent 
en  outre  de  l'ouvrage  à  plus  de  mille  personnes. 

Le  principal  moulin  est  installé  à  Montmagny,  sur  les 
bords  de  la  rivière  du  sud,  à  quelques  cents  pieds  de  la 
gare.     Il  est  éclairé  à  l'électricité. 

En  1.899,  la  maison  Price  a  scié  dans  ses  moulins 
32,000,000  de  pieds  de  bois  et  l'on  a  dépassé  ce  chiffre 
en  1900. 

Les  opérations  de  la  maison  Price  dans  cette  partie  du 
pays  augmentent  d'année  en  année.  Aussi,  fait-on  de 
grands  travaux  pour  répondre  aux  besoins  toujours  gran- 
dissants du  marché  Un  planeur  électrique  vient  d'être 
construit  dans  le  voisinage  des  quais  du  bassin  de  Mont- 
magny ;  de  plus,  la  maison  Price  a  fait,  en  ces  derniers 
temps,  l'acquisition  d'une  ass^z  grande  partie  des  lots  de 
grève  du  bassin,  afin  de  prolonger  ses  quais  qui  serviront 
à  recevoir  son  bois. 

Les  madriers  fabriqués  par  la  maison  Price  sont  des- 
tinés au  commerce  d'exportation.  On  les  expédie,  pour 
la  plus  grande  partie,  en  Angleterre,  en  France,  en 
Espagne  et  aux  Indes. 

Comme  on  le  sait,  c'est  l'épinette  qui  domine  dans  les 
forêts  des  comtés  de  Montmagny  et  de  l'Islet  et  c'est  ce 
bois  qui  a  acquis  nne  grande  valeur  commerciale  depuis 
qu'on  l'utilise  pour  la  pulpe,  que  la  maison  Price  et  les 
autres  manufacturiers  exploitent  de  préférence. 

D'après  les  rapports  officiels,  la  quantité  de  bois 
«d'épinette  manufacturée  d>ns  les  deux  comtés  de  Mont- 


—  44  — 

magny  et  de  l'Islet  s'est  élevée  en  1896  à  534,804  pièces,, 
et  en  1899  à  31,039,804  pieds. 

LE  CHEMIN  TACHE  ET  LA  COLONISATION 

On  a  coutume  de  dire  que  là  où  l'industrie  forestière 
est  florissante,  la  colonisation  reçoit  elle-même  une  vigou- 
reuse impulsion  et  a  toutes  les  chances  de  se  développer 
rapidement.  Cette  prétention  n'est  pas  exactement  vraie 
en  ce  qui  regarde  le  comté  de  Mont  magny. 

La  colonisation  commencée,  il  y  a  plus  de  trente  ans, 
dans  les  divers  cantons  enclavés  dans  le  comté  de  Mont- 
magny,  n'a  pas  été  ce  qu'elle  aurait  pu  être.  Cela  tient: 
au  fait  que  lorsque  les  nouveaux  cantons  ont  été  ouverts 
pour  recevoir  les  colons,  l'émigration  battait  son  plein,  et 
que  les  fils  de  cultivateurs  de  vieilles  paroisses  du  comté,, 
alléchés  par  l'appât  d'un  gain  rapide  et  par  la  perspective 
d'un  travail  qu'ils  estimaient  moins  pénible  dans  les 
usines  américaines,  ont  déserté  en  masse  la  hache  et  la 
charrue  pour  courir  à  l'étranger.  Il  ne  serait  pas  juste 
de  dire  pourtant  que  la  colonisation  s'est  trouvée  complè- 
tement paralysée  dans  cet  espace  de  temps.  La  statistique 
démontre  le  contraire.  Tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est 
qu'elle  n'a  pas  été  rapide,  aussi  rapide  que  dans  d'autres 
parties  du  pays  qui  n'étaient  pas  mieux  favorisées  du 
côté  du  sol. 

Le  plus  grand  essor  donné  à  la  colonisation  dans  ce 
comté,  l'a  été  par  l'ouverture  du  chemi  i  Taché,  vers  1858. 

Il  y  eut  à  ce  moment  une  poussée  générale,  et  à  mesure 
que  les  travaux  du  chemin  avançaient,  de  hardis  pionniers, 
s'emparaient  des  lots  qui  le  bordaient  et  fondaient  des  pa- 
roisses qui  sont  aujourd'hui  en  pleine  voie  de  prospérité. 

Le  chemin  Taché — l'une  des  plus  belles  routes  de  colo- 
nisation de  la  province— s'étend  aujourd'hui  sur  un  par» 
cours  de  209  milles  et  traverse  les  cantons  de  Montminy 
et  de  Patton,  dans  le  comté  de  Montmagny,  le  canton 
Mailloux  dans  le  comté  de  Bellechasse,  les  cantons  Aragov 


CHEMIN  TACHÉ.— Le  chemin  Taché,  en  partant  de 
St-Marcel,  obstrué  par  des  arbres. 


SUR  LE  CHEMIN  TACHÉ.— Camp  de  bûcherons. 


txarneau  et  Lafontaine  dans  le  comté  de  l'Islet,  les  cantons 
Chapais,  Painchaud,  Chabot,  Pohenegamook,  dans  le 
<;omté  de  Kamouraska,  les  cantons  Armand,  Viger  et 
Denonville  dans  le  comté  de  Témiscouata,  les  cantons 
Bédard,  Macpes,  Neigette,  Fleuriau  et  partie  du  canton 
de  Cabot,  dans  le  comté  de  Bimouski  et  aboutit  au  chemin 
Matapédia. 

Pour  accélérer  le  mouvement  colonisateur  dans  cesfnou- 
veaux  cantons,  le  gouvernement  de  Québec  crut  sage  de 
concéder  gratuitement  les  lots  qui  bordaient  le  chemin 
Taché,  et  en  1873,  un  arrêté  du  conseil  Exécutif  fut  passé 
à  cet  effet. 

D'un  autre  côté,  des  sociétés  de  colonisation  se  formè- 
rent et  notamment  la  société  de  colonisation  No.  3,  de 
Montmagny,  qui  avait  M.  Fournier  pour  principal  promo- 
teur, et  qui  se  fit  accorder  gratuitement  en  1870  soixante- 
dix  lots  d'une  contenance  de  6,988  acres  dans  les  cantons 
Roiette  et  Panet. 

Aujourd'hui,  c'est-à-dire  depuis  1888,  ces  allocations 
gratuites  se  font  plus  rares,  mais  la  colonisation  ne  s'en 
porte  pas  plus  mal.  J'oserais  même  dire  qu'elle  s'en 
porte  mieux,  tant  il  est  vrai  qu'on  ne  prise  bien  que  ce 
que  l'on  paie. 

Au  reste,  la  question  du  prix  ne  pouTra  jamais  embar- 
rasser les  colons  sérieux,  puisque  le  prix  d'achat  d'un  lot 
dans  tous  les  cantons  du  comté  de  Montmagny  ne  s'élève 
pas  au  delà  de  trente  cents  par  acre — et  que  le  gouverne- 
ment n'exige  qu'un  premier  versement  représentant  le 
cinquième  du  prix  total. 

Les  agents  proposés  à  la  vente  des  terres  publiques 
dans  ce  comté  sont  M.  C.  F.  Leclerc,  de  la  ville  de  Mont- 
magny et  M.  Turgeon,  à  St.  Philémon  de  Bellechasse. 

LES  CANTONS 

Il  nous  reste  à  lier  connaissance  avec  les  divers  cantons 
éparpillés  dans  le  comté  de  Montmagny,  et  qui  comptent 


—  46  — 

tous  pour  la  plupart,  des  groupes  assez  considérables  de 
colons. 

Ces  cantons  sont  au  nombre  de  sept  : — Ashburton, 
Bourdages,  Montminy,    Patton,    Rolette,  Panet,  Talon. 

Ces  cantons  qui  comptent  181,000  acres  arpentés,  n'ont 
pas  tous  la  même  valeur  au  point  de  vue  des  ressources 
qu'ils  peuvent  offrir  à  la  colonisation.  Quelques-uns  sont 
rocheux,  comme  Bourdages  et  uue  bonne  partie  d' Ash- 
burton. 

Ashburton. — >Ce  canton,  nous  venons  de  le  dire,  n'est 
pas  également  recommandable  dans  toutes  ses  parties.  Il 
y  a  sans  doute  par  ci  par  là  de  bons  lots,  mais  un  explo- 
rateur qui  l'a  parcouru  récemment,  fait  exception  pour  les 
rangs  "A",  "B",  "C",  "D",  qui  contiennent  beaucoup  de 
bois  mais  qui  sont  presqu'en  totalité  impropres  à  la  cul- 
ture. 

Une  colonie  a  surgi  cependant  depuis  vingt-cinq  ans 
dans  ce  dernier  canton  et  a  même  pris  un  développement 
assez  sérieux.  Je  veux  parler  de  Notre-Dame  du  Rosaire, 
qui  a  été  érigée  en  municipalité,  en  décembre  189  4. 

Bourdages. — Ce  canton  qui  renferme  dix  rangs  se 
trouve  situé  en  arrière  du  Cap  St-Ignace.  La  route  de 
PAnse,  partant  du  Cap,  le  traverse. 

Le  terrain  est  rocheux  et  la  plupart  des  lots  des  huit- 
ième et  neuvième  concessions  sont  tenus  pour  être  peu 
cultivables. 

D'autre  part,  les  rangs  4,  5,  6,  7,  et  les  rangs  A  et  B 
sont  pour  une  bonne  partie  en  savane  et  dénués  de  bois 
de  commerce. 

Patton. — Ouvert  à  la  colonisation  en  1862,  ce  canton 
contient  à  lui  seul,  21,000  acres  de  terres  arpentées,  avec 
sept  rangs  et  possède  un  sol  assez  riche.  L'un  de  ces 
rangs,  le  cinquième,  est  déjà  presqu'entièrement  colonisé. 

En  1898,  on  a  pratiqué  une  route  qui  conduit  du  Cap 
St-Ignace  au  chemin  Taché  dans  ce  canton! 


—  47  — 

Dans  le  6e  rang,  il  y  a  86  lots  qui  ont  été  pris  dans  ces 
dernières  années. 

Le  premier  rang  est  un  peu  rocheux,  mais  la  qualité  du 
sol  est  bonne.  Au  reste,  les  loches  ne  sont  qu'à  la  surface 
et  peuvent  être  facilement  enlevées. 

La  forêt  qui  est  très  belle,  comprend  de  l'épinette,  du 
merisier  et  de  l'érable. 

Panet. — Ce  canton  qui  compte  onze  rangs,  avec  39,000 
acres  de  terre,  n'est  pas  également  bon,  dans  toutes  ses 
parties,  au  point  de  vue  du  sol.  Il  y  a  cependant,  cà  et 
là,  de  bonnes  étendues  de  terrain  pouvant  être  cultivées 
avec  profit.  Le  terrain,  en  général,  est  onduleux  avec 
quelques  montagnes  entre  les  1er  et  2e  rangs.  Il  ne  reste 
plus  qu'une  dizaine  de  lots  à  prendre  dans  le  1er  rang. 
La  rivière  Daaquam  traverse  les  6e  et  7e  rangs. 

Le  bois  dominant  est  l'épinette,  le  sapin,  le  merisier, 
l'érable  et  le  cèdre. 

Talon. — Les  cinq  premiers  rangs  du  canton  Talon  sont 
rocheux,  mais  la  qualité  du  sol  est  assez  bonne  dans  les 
cinq  autres  rangs  ;  c'est  l'épinette  qui  domine  dans  ce 
canton 

Ce  canton  compte  dix  rangs,  avec  plus  de  50,000  acres 
de  terres.  Il  n'y  a  encore  que  quelques  lots  qui  aient  été 
pris  dans  le  1er  rang. 

Eolette. — Sept  rangs  et  27,000  acres  de  terres  dispo- 
nibles. On  compte  cinquante  familles  dans  le  septième 
rang  du  canton  Rolette.  Le  6e  rang  commence  lui  aussi 
à  se  coloniser. 

On  s'attend  à  former  avant  longtemps  une  paroisse 
dans  ce  canton,  et  le  site  de  la  future  chapelle  a  déjà  été 
choisi. 

Ce  qui  manque  à  ce  canton,  pour  faciliter  son  expansion, 
c'est  une  route  carossable  qui  lui  permette  de  communi- 
quer avec  Montmagny  durant  l'été. 


—  48  — 

Le  sol  est  composé  de  terre  grise  et  jaune,  et  noire  dans 
les  fonds. 

L'arpenteur  Elzéar  Laberge,  estime  que  les  trois  quarts 
du  canton  sont  propres  à  la  culture. 

On  rencontre  une  assez  grande  quantité  de  bois  de 
commerce,  tel  que  l'épinette,  dans  la  partie  nord-est  des 
rangs  5,  6  et  7.  Il  y  a  aussi  du  sapin,  du  merisier,  de 
l'érable  pt  du  cèdre. 

Montminy. — C'est  celui  des  cantons  du  comté  de  Mont- 
magny  où  la  colonisation  fait  le  plus  de  progrès. 

Ce  canton  ne  contenait  que  19  personnes  en  1851,  avec 
trente-cinq  acres  de  terres  défrichées.  Il  est  aujourd'hui 
eolonisé  pour  les  deux  tiers. 

Il  ne  reste  plus  que  6  à  700  acres  à  disposer  dans  ce 
canton.  Le  canton  de  Montminy  a  vu  se  former  la  paroisse 
de  St-Paul. 


NOUVELLES  COLONIES 


NOTRE  DAME  DU   ROSAIRE.-SAINT-PAUL  DE    MONTMINY- 
SAINTE  APOLLINE 


NOTRE-DAME  DU  ROSAIRE 

Deux  routes  mènent  à  ce  village  :  la  route  Beaubien 
qui  commence  à  Montmagny  pour  aboutir  jusqu'à  St- 
Paul  du  Buton  et  la  route  de  St-Pierre  qui  débouche  du 
village  de  ce  nom.  La  seconde  est  un  peu  plus  courte 
que  la  première. 

Les  débuts  de  cette  petite  colonie  qui  ne  se  trouve  qu'à 
cinq  lieues  de  la  ville  de  Montmagny,  dans  le  canton 
Ashburton,  datent  de  1883. 

Trois  familles  y  possédaient  des  lots  à  cette  époque,  et 
l'une  d'elles,  la  famille  de  M.  Edouard  Mercier,  y  résidait 


—  49  — 

depuis  vingt-huit  ans.  Dans  l'automne  de  1883,  six 
nouvelles  familles,  les  Graudrault,  les  G-amache,  les  Collin, 
les  Gragné  et  les  Fournier  vinrent  s'adjoindre  aux  premiers 
colons  de  l'endroit,  et  depuis,  la  nouvelle  colonie  ne  fit 
que  grandir  en  nombre  et  en  importance. 

En  juin  1885,  Notre-Dame  du  Rosaire  vit  arriver  chez 
elle  deux  familles  françaises,  les  messieurs  de  Gurzon,  qui 
achetèrent  la  i  ropriété  d'un  nommé  Dion,  et  la  famille 
Perreault.  Les  messieurs  de  Curzon  ne  demeurèrent  que 
trois  ans  dans  le  village.  Ils  vendirent  leurs  propriétés, 
qui  étaient  dans  une  excellente  condition  et  retournèrent 
en  France 

Monsieur  l'abbé  Jolicœur  fut  le  premier  missionnaire 
de  cette  colonie,  en  1888.  Quelques  années  plus  tard,  en 
1892,  le  mouvement  colonisateur  prit  un  regain  d'activité 
et  le  village  à  peine  ébauché,  finit  par  former  une  paroisse 
de  000  âmes. 

Dans  Notre-Dame  du  Rosaire,  comme  dans  le  reste 
du  canton  Ashburton,  le  terrain  est  rocheux,  très-rocheux 
même,  mais  le  travail  de  déblaiement,  une  fois  opéré,  la 
terre  se  montre  assez  généreuse  et  donne  de  bonnes  récoltes. 
Elle  exige  néanmoins  beaucoup  d'engrais. 

Les  MM.  Price  ont  un  moulin  à  scie  d'une  capacité  de 
30,000  billots  dans  ce  village.  11  y  a  aussi  deux  autres 
scieries  appartenant  à  des  particuliers. 

Une  fromagerie  a  été  éga  ernent  installée  en  ces  der- 
nières années,  mais  ne  recrute  encore  que  vingt-quatre 
patrons. 

SAINT-PAUL    DE    MONTMINY. 

Saint-Paul  est  à  troisjieues  de  Notre-Dame  du  Rosaire 
et  à  huit  lieues  de  Montmagny. 

Enclavée  dans  le  canton  Montminy,  cette  colonie  a  fait 
des  progrès  marquants  et  constitue,  à  l'heure  présente,  ce 
qu'on  peut  appeler   une  bonne   paroisse.     Au  reste,  elle 
comporte  une  population  de  1050  âmes. 
4 


—  50  — 

L'aspect  du  village  est  riant  et  crée  une  impression  des 
plus  favorables.  Cela  tient  à  ce  que  toutes  les  maisons 
d'habitation  de  même  que  les  bâtiments  de  la  ferme  sont 
blanchis  à  la  chaux.  Que  ne  suit-on  ce  bon  exemple  dans 
maints  autres  villages  !  C'est  la  pensée  qui  nous  vient  à 
l'esprit  en  franchissant  la  principale  route  de  St-Paul.  Que 
l'on  n'objecte  point  la  dépense  ?  La  chaux  coûte  peu  de 
chose  et  puis  après  tout  n'est-ce  pas  un  luxe  bien  légitime 
pour  un  village  que  d'avoir  des  maisons  à  l'air  propret  ? 
Il  y  aurait,  à  notre  avis,  toute  une  campagne  à  faire  à  ce 
sujet,  et  cette  campagne  devrait  commencer  parles  vieilles 
paroisses  qui  accusent  une  grande  négligence  de  ce   côté. 

Le  terrain  dans  St-Paul,  comme  dans  tout  le  canton 
Montminy  est  supérieur  à  celui  d'Ashburton.  Il  y  a 
même  çà  et  là  des  lopins  de  terre  propres  à  constituer  des 
fermes  de  première  classe. 

La  paroisse  de  St-Paul  possède  trois  moulins  à  farine, 
deux  moulins  à  scie,  et  une  beurrerie  avec  une  fromagerie 
qui  ont  rapporté,  en  1899,  $11,664. 

SAINTE-APOLLINE. 

Ce  n'est  encore  qu'une  petite  mission,  avec  chapelle, 
composée  au  plus  de  cinquante  familles,  et  desservie,  pour 
le  moment,  par  M.  ie  curé  :1e  Saint-Marcel. 

Cette  colonie  naissante,  mais  qui  devra  prospérer  si  l'on 
tient  compte  de  l'excellente  qualité  du  sol,  borde  le  che- 
min Taché,  à  trois  lieues  de  Saint  Paul. 

Elle  s'est  formée  à  même  le  canton  Patton. 

MM.Phidimc  Côté  et  Tnéo.  Nicole  ont  été  les  premiers 
défricheurs  de  cette  colonie.  Il  n'ont  point  tardé  à 
avoir  d<\s  imitateurs  qui  se  sont  recrutés  dans  les  paroisses 
de  Ste-Claire,  de  St-Magloire  et  de  St-Paul. 

La  route  la  plus  courte  pour  atteindre  Ste-Apolline  *»st 
la  route  de  l'Anse  qui  part  du  Cap  St-ïgnace.  C'est  un 
parcours  de  sept  lieues. 


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COMTE  DE  L'ISLET 


ANCIENNESSZICNEURIES   ET  PAROISSES. 

Le  comté  de  l'Islet,  comme  celui  de  Montmagny,  embras- 
sait autrefois,  dans  ses  limites  plusieurs  seigneuries  qui 
sont  aujourd'hui  cultivées  et  colonisées  dans  presque 
toute  leur  étendue. 

La  Seigneurie  de  Bonsecours — La  première  conces- 
sion remonte  à  1677  et  le  premier  seigneur  fut  François 
Bélanger.  Son  successeur,  en  1723,  est  Louis  Bélanger, 
puis  en  1739,  Jean  François  Bélanger.  Pierre  Bélanger 
en  devient  ensuite  propriétaire  et  vend  ce  fief  en  1796  à 
Jacques  McCallum. 

En  1811,  Jean-Baptiste  Couillard  Després  acquit  une 
partie  du  fief  de  l'Islet  de  Bonsecours  et  en  18  29  celui-ci 
passe  à  Olivier  Eugène  Casgrain. 

La  Seigneurie  Lessard. — Bornée  au  nord-est  par  le 
canton  de  Ashtbrd  et  en  arrière  par  les  terres  vacantes  de 
la  Couronne. 

Cette  seigneurie  qui  avait  une  lieue  de  front,  fut 
concédée  par  le  gouverneur  de  Frontenac,  le  30  juin  1698 
à  Pierre  Lessard.  Elle  passa  plus  tard  aux  mains  de  M. 
Andrew  Stuart. 

La  Seigneurie  de  St-jean  Port-Joli.— Elle  embras- 
sait une  étendue  de  deux  lieues  de  profondeur.  Elle  fut 
concédée  en  1677  à  Noël  Langlois.  Celui-ci  la  revendit  à 
Charles  Aubert  de  la  Chesnaye  qui  la  donna  en  héritage 
en  1781  à  Ignace  Aubert  de  Gl-aspé.  Tous  les  terrains 
dans  cette  seigneurie  qui  comprenait  quatre  rangs,  se  trou- 
vaient déjà  concédés  avant  la  cession  du  Canada. 


Les  rivières  Trois-Saumons  et  Port-Joli  qui  traversent 
la  seigneurie  prennent  leur  source  en  arrière  dans  les 
montagnes. 

La  Seigneurie  de  St-Roch  des  Atjlnais. — Cette  sei- 
gneurie comptait  trois  Jieùes  de  front  sur  deux  de  pro- 
fondeur. Elle  avait  été  concédée  le  1er  avril  1657  à 
Nicholas  Juchereau  de  St-Denis. 

L'ancien  manoir  des  seigneurs  de  St-Roch  est  devenu, 
depuis  quelques  années,  la  propriété  de  M.  Déchêne, 
député  aux  Communes  pour  le  district  électoral  de  l'Islet. 

Dans  toutes  ces  anciennes  seigneuries,  dont  la  création 
remonte,  comme  on  a  pu  le  voir,  aux  premiers  temps  de  la 
colonisation  française  en  cd  pays,  l'on  retrouve,  gracieuse- 
ment échelonnés  le  long  des  rives  de  notre  grand  fleuve, 
de  magnifiques  villages  qui  ont  chacun  leur  histoire,  mais 
que  le  cadre  restreint  de  ce  travail  ne  permet  pas  de 
retracer. 

Citons  néanmoins,  au  fil  de  la  plume,  Notre-Dame  de 
Vis/et,  dont  un  poète  de  l'endroit  a  dit  : 

. . .  .L'islet  est  l'orgueil  de  nos  Laurentiennes, 
La  perle,  le  joyau  des  plages  canadiennes. 

La  paroisse  actuelle  de  l'Islet  fut  concédée  dans  le  prin- 
cipe en  deux  seigneuries.  Sa  situation  avantageuse  et  la 
fertilité  du  sol  y  attirèrent  dès  1700  un  bon  groupe  de 
colons.  Une  année  plus  tard,  on  trouve  déjà  sur  les 
domaines  de  la  seigneuresse  Geneviève  Couillard,  veuve 
de  sieur  du  Tertre  et  du  seigneur  Bélanger  une  vingtaine 
de  familles.  On  y  voit  des  Bélanger,  des  Rouleau,  des 
Cloutier,  des  Larouche,  des  Marchand,  des  Langelier  des 
Lavergne,  des  Fortin,  des  Lessard,  des  Caron,  des  Lecierc, 
etc. 

La  première  église  de  l'Islet  fut  érigée  en  1700,  à  l'en- 
droit où  se  trouve  aujourd'hui  la  chapelle  des  morts.    On 


—  53  — 

construisit  une  deuxième  église  en  1721  qui  fut  démolie 
en  1768  pour  faire  place  au  temple  actuel. 

A  la  fin  de  décembre  1899,  la  population  de  l'Islet  était 
de  421  familles,  et  2,264  âmes. 

Cette  paroisse  était  autrefois  plus  considérable,  mais 
elle  a  été  démembrée  en  1874  pour  former  la  paroisse  de 
St-Eugène. 

L'Islet  est  l'un  des  villages  les  mieux  bâtis  de  la  rive 
sud.  Il  fournit  aussi  des  points  de  vue  de  toute  beauté. 
Les  convois  de  l'intercolonial  nous  y  conduisent  de 
Québec  en  moins  d'une  heure  et  demie. 

*  *%. 

A  neuf  milles  plus  loin,  toujours  sur  la  route  de  l'In- 
tercolonial,  voici  St-Jean  Port- Joli,  ancienne  paroisse  que 
l'on  voit  désignée  dans  le  recensement  de  1739  sous  le 
nom  de  Port-Jn/y  et  qui  comptait  déjà  à  cette  époque,  un 
groupe  assez  considérable.  Sa  population  actuelle  est  de 
2,200  âmes.  C'est  le  chef-lieu  du  comté. 

*  * 

Citons  encore  Saint- Roch  des  Au! nais,  Sainte-Louise,  Saint- 
Aubert. 

C'est  dans  le  premier  de  ces  villages,  à  St-Roch,  fort 
d'une  population  de  1,670  habitants,  que  se  trouve  la 
célèbre  pépinière  de  M.  Auguste  Dupuis,  fondée  en  1861, 
et  qui  a  rendu  et  qui  rend  encore  tant  de  services  à  la 
classe  agricole.  On  sait  que  dans  notre  district  la  culture 
des  fruits  est  plus  difficile  qu'ailleurs,  par  suite  de  la 
brièveté  de  la  belle  saison  et  de  l'intensité  du  froid  pen- 
dant l'hiver.  M.  Dupuis  a  démontré  par  des  expériences 
réitérées,  toujours  couronnées  d'un  plein  succès,  que  la 
plupart  des  fruits  pouvaient  s'acclimater  ici,  comme  dans 
n'importe  quelle  autre  partie  de  la  Province. 


—  54  — 

Saint- Aubert  n'est  qu'à  deux  milles  en  arrière  de  St-Jean. 
C'est  une  paroisse  agricole  déjà  très  avancée.  Elle  possède 
un  médecin  résident,  M.  le  docteur  Paquet,  et  est  en  com- 
munication directe,  par  le  téléphone,  avec  toutes  les  colonies 
nouvelles. 

Trois  moulins  à  scie  fonctionnent  dans  ce  village.  On 
y  trouve  aussi  une  fromagerie  qui  a  rapporté  l'an  dernier 
un  bénéfice  de  trente-trois  pour  cent  à  ses  patrons. 

POPULATION.-EXPLOITATEONS     AGRSCOLES.    BEUR 

RERG ES,    SERVICE  TELEPHONIQ UE.    INDUSTRIE 

FORESTIERE 

La  population  totale  du  comté  de  l'Islet  était  de  18,823 
habitants  au  dernier  recensement,  et  les  exploitations 
agricoles  donnaient,  à  la  même  époque  les  chiffres  sui- 
vants : 

Acres  occupés , 208,174 

'•      améliorés 108,892 

"      sous  culture 56,522 

"      en  foin 99,282 

"      en  jardins  et  vergers 808 

La  valeur  des  biens  fonds  imposables  était  estimée  à 
$2,281,753.  Ajoutons  que  l'aisance  est  générale  dans  la 
plupart  des  villages  et  que  l'agriculture,  grâce  à  l'initia- 
tive intelligente  de  quelques  agronomes  distingués,  s'y 
fait  partout,  d'après  les  méthodes  les  plus  récentes. 

L'industrie  laitière  a  reçu  elle-même  dans  ce  comté  un 
rapide  développement.  On  y  compte  dix  beurreries  et  sept 
fromageries  ainsi  reparties: — 2  beurreries  à  l'Islet,  une 
beurrerie  à  l'Anse  à  Gilles,  une  beurrerieàTrois-Saumons, 
une  beurrerie  à  St- Aubert,  sous  le  contrôle  d'un  syndicat 
de  cultivateurs,  une  fromagerie  à  St-Cyrille,  deux  beur- 
reries et  une  fromagerie  à  St-Jean  Port-Joli,  une  beurrerie 
à  Ste-Louise,  une  beurrerie  à  St-Pamphile,  deux  froma- 
geries et  une  beurrerie  à  St-Roch  des  Aulnais,  etc.,  une 
fromagerie  dans  chacune  des  paroisses  Ste-Perpétue,  St- 
Marcel,  et  St-Damase. 


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-55- 

Le  rendement  des  beurreries  pour  1899  s'est  élevé  à 
853,230  livres  de  beurre,  réprésentant  une  valeur  de 
$107,046.  Quant  à  la  production  du  fromage,  elle  a  été  de 
125,272  livres,  soit  une  valeur  de  $12,527. 

Une  autre  création  des  plus  importantes  et  qui  rend 
d'inappréciables  services  à  toute  les  nouvelles  colonies 
du  comté  de  l'Islet,  c'est  l'organisation  du  réseau  télé- 
phonique. 

Cette  organisation,  aujourd'hui  complétée,  a  supprimé 
toutes  les  distances  et  fait  sortir  de  leur  isolement  forcé 
nombre  de  villages  qui  ne  pouvaient  communiquer  qu'à 
grands  frais,  avec  les  paroisses  situées  sur  les  bords  du 
fleuve. 

St-Damase,  Ste-Perpétue,  St-Pamphile  et  St-Marcel 
souffraient  surtout  de  leur  éloignement  des  grands  centres. 

Fallait-il  en  effet  quérir  les  services  d'un  médecin,  ou 
désirait-on  connaître  le  prix  courant  du  marché  au  fromage 
et  au  beurre,  c'était  toute  une  course  à  entreprendre, 
douze  et  quinze  lieues  à  faire  sur  des  routes  difficiles, 
principalement  durant  la  saison  des  pluies.  Avant  qu'on 
fut  arrivé  à  terme,  le  patient  pouvait  raisonnablement 
être  lui-même  parti  pour  un  monde  meilleur,  et  la  cote 
du  fromage  et  du  beurre  avait  eu  le  temps  de  subir  bien 
des  fluctuations  ! 

Le  téléphone — dont  l'apparition  au  reste  a  été  saluée 
avec  enthousiasme  dans  ces  colonies  lointaines — a  remédié 
à  cet  état  de  choses.  On  communique  aujourd'hui  de 
toutes  parts  avec  les  paroisses  du  comté  qui  ont  l'avantage 
d'être  reliées  par  le  chemin  de  fer  Intercolonial,  et  le  plus 
humble  comme  le  plus  fortuné  des  colons  peut  savoir  au 
jour  le  jour,  sans  souci  de  la  distance,  ce  qui  se  passe  dans 
les  grands  centres. 

Tous  les  cantons  du  comté  de  l'Islet  étant  généralement 
bien  boisés,  surtout  en  épinette,  il  se  fait  chaque  année 
de  grands  chantiers.  La  plus  forte  partie  du  bois  est 
transportée  à  Montmagny  où  la  maison  Price,  détenteur 


—  56  — 

depuis  plusieurs  années  des  principales  limites  à  bois  du 
comté,  possède  de  grands  moulins  à  scie. 

TERRES  DISPONIBLES  ET  ROUTES  DE  COLONISATION 

Il  se  trouve  dix  cantons  dans  ce  comté  avec  plus  de 
200,000  acres  de  terre  à  prendre. 

Les  terres  se  vendent  trente  cents  l'acre,  et  c'est  l'agent 
des  terres  de  Montmagny,  M.  C.  F.  Leclerc,  qui  est  pré- 
posé à  leur  vente. 

Comme  pour  le  c  >mté  de  Montmagny,  l'ouverture  et  le 
parachèvement  du  chemin  Taché  a  été  un  puissant  fac- 
teur pour  la  colonisation  dans  le  comté  de  l'Islet.  Il  en 
est  de  même  de  la  route  tëlgin. 

La  route  Elgin,  ouverte  en  1856,  va  jusqu'aux  frontières 
de  la  province  et  traverse  six  cantons.  Ce  chemin  part 
du  fleuve  St-Laurent,  à  St-Jean  Port- Joli,  traverse  les  sei- 
gneuries, passe  dans  la  ligne  de  division  entre  les  cantons 
Fournier,  Ashford.  G-arneau,  Lafontaine,  Casgrain  et 
Pionne,  et  fait  intersection  avec  le  chemin  Taché,  entre 
les  cantons  Garneau  et  Lafontaine. 

Les  premiers  établissements,  sur  le  parcours  de  cette 
route,  ont  une  origine  déjà  ancienne.  Même  avant  l'ou- 
verture de  la  route,  des  cultivateurs  des  paroisses  de  St. 
Jean  Port-Joli  et  de  St-Aubert  y  avaient  déjà  pris  des  lots. 
Ce  furent  aussi  des  jeunes  gens  de  ces  deux  paroisses  qui 
jetèrent  les  bases  des  premiers  établissements  le  long  du 
chemin  Taché,  dans  les  cantons  G-arneau  et  Lafontaine. 

Povir  faciliter  la  colonisation  dans  cette  région,  les  gou- 
vernement affectent  chaque  année  une  subvention  pour 
les  chemins.  Ces  subventions  ont  été  employées  à  amé- 
liorer les  routes  dans  les  cantons  Arago  et  Beaubien  qui 
conduit  de  St-Marcel  à  St-Cyrille,  à  améliorer  le  chemin 
Taché  entre  St-Marcel  et  Ste-Apolline  dans  les  cantons 
Arago  et  Patton.  Puis  d'autres  routes  ont  été  pratiquées 
en  ces  dernières  années  dans  Ste-Perpétue,  entre  les  can* 
tons  Lafontaine  et  Grarneau,  dans  les  cantons  Arago,  Beau- 
bien,  Lessard,  Bourdages,  Lionne. 


—  57  — 

LES  CANTONS. 

Canton  Lessard. — Ce  canton  est  situé  en  arrière  de  la 
paroisse  de  St-Cyrille  qui  compte  actuellement  une  popu- 
lation de  près  de  1,600  âmes,  avec  une  propriété  foncière 
d'une  valeur  de  $208,000. 

Les  premières  concessions  de  terres  datent  de  1841. 
C'est  en  cette  année-là  que  l'Honorable  Richard  T.  Alleyn 
se  fit  concéder  dans  les  deux  premiers  rangs,  :  ,800  acres 
de  terres.  Il  rest<«  à  peine  une  quarantaine  de  lots  en 
disponibilité  dans  les  rangs  "  A"  et  "B"  et  la  terre  y  est 
médiocre. 

Canton  Beaubien. — Il  n'y  avait  encore  en  1899  que 
deux  à  trois  familles  résidentes  dans  ce  canton. 

On  peut  trouver  quelques  bons  lots  dans  les  rangs  3,  4, 
5  et  6,  mais  d'une  manière  générale,  il  y  a  assez  peu  de 
chose  à  retirer  de  ce  canton  au  point  de  vue  de  la  coloni- 
sation.    Par  contre,  il  est  assez  bien  boisé  en  épinette. 

Canton  Arago. — Il  comprend  23,000  acres  de  terres 
disponibles  avec  sept  rangs.  Les  six  premiers  rangs  sont 
de  bonne  terre,  mais  le  septième  est  peu  recommandable. 
Presque  tous  les  lots  du  1er  rang  ont  été  achetés  par  des 
colons,  mais  ne  sont  pas  encore  occupés,  faute  de  débou- 
chés. Le  bois  de  commerce,  l'épinette  blanche  et  le  cèdre, 
ont  été  faits  en  partie. 

On  compte  plusieurs  petits  lacs  dans  ce  canton,  mais 
peu  profonds  et  peu  poissonneux.  Le  priucipal  cours 
d'eau  est  la  rivière  Ratsoul,  et  puis  la  rivière  Hamon. 

La  mission  de  St-Marcel  se  trouve  incorporée  dans  ce 
canton.  Il  y  a  maintenant  un  curé  résident. 

Canton  Leverrier. — Ce  vaste  canton  contient  à  lui 
seul  41,000  arpents  de  terre  et  l'on  y  rencontre  les  essences 
de  bois  francs  les  plus  variées. 

M.  C.  F.  Leclerc,  agent  des  terres,  qui  a  visité  ce  canton 
en  décembre  1899,  aTelevé  dans  les.  ôième,  6ième  et  7ième 


—  58  — 

rangs  quarante-cinq  lots  vendus,  dont  une  bonne  partie 
occupés.  Plusieurs  colons  avaient  même  fait  dans  l'été 
de  1899  une  excellente  récolte  de  foin  et  d'avoine.  Un 
colon,  du  nom  de  Michel  Duval,  récemment  établi  sur  le 
lot  51  dans  le  rang  6,  a  récolté  à  lui  seul  l'an  dernier, 
1,500  minots  d'avoine  et  une  trentaine  de  tonnes  de  foin. 
La  plupart  de  ces  lots  ont  été  vendus  en  1897  et  en  1898. 
L'agent  des  terres,  M.  Leclerc,  croit  que  l'on  verra 
surgir  avant  peu  d'années  une  paroisse  prospère  dans  ce 
canton.  Le  terrain  dans  cette  partie  de  Leverrier,  ajoute- 
t-il,  est  supérieur  à  celui  de  v$t-Pamphile  qui  est  pourtant 
devenu  depuis  quelques  années  une  belle  et  grande 
paroisse. 

Canton  Lafontaine  — Le  terrain  est  assez  plan  sur 
les  cinq  premiers  rangs,  et  l'on  rencontre  ça  et  là  de  belles 
érablières.  Les  meilleurs  lots  se  trouvent,  en  toute  pro- 
babilité, sur  les  4ième  et  5ième  rangs. 

Tous  les  lots  sur  la  partie  du  chemin  Taché  qui  borde 
ce  canton  sont  établis.  On  compte  déjà  une  vingtaine  de 
familles  dans  le  rang  2  et  une  douzaine  de  familles  rési- 
dant sur  des  lots  dans  les  3ième  et  4ième  rangs. 

Il  y  a  dans  ce  canton,  à  neuf  milles  environ  de  Ste- 
Perpétue,  un  joli  lac,  le  lac  Ste-Anne,  qui  est  fort  fréquenté. 
On  y  prend  de  la  truite. 

Canton  Casgrain. — Il  est  sillonné  par  plusieurs  petites 
rivières  sur  lesquelles  l'on  peut  aisément  construire  des 
moulins  de  toute  espèce. 

Quoique  ce  canton  compte  encore  près  de  20,000  acres  de 
terres  disponibles,  la  colonisation  y  a  fait  des  progrès 
sérieux. 

Le  rang  "A"  traversé  par  la  route  Elgin,  qui  se  compose 
de  44  lots  est  entièrement  colonisé  II  en  est  de  même 
du  6ième  rang.  Dans  les  3ième,  Ôième  et  7ième  rangs, 
plus  de  la  moitié  des  terres  sont  vendues. 


—  59  — 

Canton  Dionne.— Tout  le  rang  uA"est  colonisé  depuis 
près  de  quarante  ans.  Dans  les  autres  rangs,  les  colons 
sont  clair  semés.  Il  reste  28,000  arpents  de  terres  à  pren- 
dre dans  ce  canton. 

Les  terres  sont  généralement  bonnes,  principalement 
dans  les  3ième,  4ième  et  6ième  rangs. 

On  y  trouve  aussi  d'assez  bons  bois  tels  que  l'épinette» 
du  merisier  et  du  bouleau,  quoique  les  incendies  aient 
ruiné  certaines  parties  du  canton. 

Canton  Fournier.  —  D'après  les  explorations  faites 
jusqu'ici,  l'on  ne  tiouve  que  des  étendues  assez  restreintes 
de  terres  dont  il  soit  possible  de  tirer  profit  au  point  de 
vue  agricole.  C'est  en  outre  un  canton  montagneux  et 
rocheux,  et  qui  compte  plusieurs  milles  en  savane,  sur- 
tout en  arrière  du  6ième  rang. 

La  partie  la  plus  colonisable  qui  comprend  le  rang  "A" 
ainsi  que  les  rangs  un,  deux  et  trois,  est  occupée  par  des 
colons  depuis  un  assez  grand  nombre  d'années 

Les  autres  rangs  —  car  ce  canton  en  compte  dix-neuf — 
sont  dans  l'ensemble,  de  qualité  médiocre. 

Les  essences  forestières  sont  assez  variées,  mais  c'est 
l'âpinette  et  le  sapin  qui  dominent. 

Canton  Ashford. — La  meilleure  partie  de  Ashford  est 
•colonisée. 

Ce  canton  sert  en  quelque  sorte  de  prolongement  à  la 
paroisse  Ste- Louise  formée  à  même  la  seigneurie  St-Roch, 
renfermant  une  population  de  mille  habitants  et  reliée  à 
Québec  par  le  chemin  de  fer  Intercolonial. 

Ce  canton  comprend  onze  rangs  avec  28,000  acres  de 
terres  disponibles.  L'exploitation  du  bois  s'est  faite  autre- 
fois sur  une  grande  échelle  dans  ce  canton  ;  il  reste  cepen- 
dant une  assez  bonne  qualité  d'épinette  et  de  cèdre. 

Canton  G-arneau. — Neuf  rangs  et  28,000  acres  de  ter- 
res disponibles. 


—  60  — 

Le  terrain  est  quelque  peu  pierreux  mais  on  trouve  par- 
ci  par  là  quelques  étendues  de  terres  propres  à  la  coloni- 
sation. 

Ce  canton  est  assez  bien  boisé  en  bois  franc. 


LES  NOUVELLES  COLONIES 


SAINT  DAM A3E.-  SAINTE  PERPETUE.-  3AINT  PAMPHI LE.- 

SAINTADALBERT.     SAINT  MARCEL 


SAINT  DAMASE 


C'est  la  première  paroisse  que  Ton  rencontre  sur  la 
route  Elgin,  en  partant  de  Saint-Jean  Port  Joli.  Huit 
milles  seulement  la  séparent  de  ce  dernier  village. 

St-Damase  est  un  joli  village  légèrement  accidenté.  Il 
a  été  formé  d'une  partie  du  canton  Ashford,  du  canton 
Fournier  et  de  quelques  parcelles  des  seigneuries  de  St- 
Jean  et  de  St-Roch. 

La  rivière  des  Trois-Saumons  le  traverse  en  entier  for- 
mant cà  et  là  quelques  chutes  qui  font  mouvoir  des 
moulins. 

La  création  de  cette  colonie  remonte  à  une  quarantaine 
d'années,  mais  elle  ne  paraît  avoir  pris  de  développement 
sérieux  que  depuis  douze  à  quinze  ans. 

Les  premiers  colons  qui  vinrent  se  tailler  ici  un  domaine 
étaient  trois  frères  :  MM.  Pierre,  Damase  et  Guillaume 
Ouellet.  Je  cite  leurs  noms  avec  d'autant  plus  de  plaisir 
que  contrairement  à  bien  d'autres  ils  ne  se  sont  pus  con- 
tentés d'entamer  la  forêt  pour  déguerpir  peu  après,  laissant 
à  leurs  successeurs  le  soin  de  recueillir  le  bénéfice  de  leur 
dur  labeur.  Tout  au  contraire,  ces  pionniers  de  St-Damase, 
jeunes  et  pleins  de  vigueur,  se  sont  pris  d'attachement 
pour  le   sol   qu'ils    foulaient,    et    la   terre,  qui   est  rare- 


ROUTE  ELGIN. -Nouvelles  habitations  sur  la 
route  Elgin,  près  de  Ste-Perpétue. 


SAINTE-PERPETUE.— Eglise  paroissiale 
et  presbytère. 


—  Gl  — 

ïn«nt  ingrate,  les  a  amplement  récompensé  de  leur  opiniâ- 
treté au  travail  et  de  leur  peiséverance.  Les  messieurs 
Ouellet  possèdent  aujourd'hui  les  meilleures  fermes  de 
la  paroisse  et  ont  même  acquis  une  aisance  qui  touche 
presqu'à  la  fortune. 

Il  n'y  a  encore  qu'une  chape  le  assez  modeste  a  Saint- 
Damase.  mais  comme  la  paroisse  grandit  de  jour  en  jour, 
il  est  fortement  question  de  bâtir  une  église  plus  appro- 
priée aux  besoins  de  la  population.  M.  l'abbé  Hudon  qui 
dessert  la  paroisse,  est  le  troisième  curé  résident. 

Ajoutons  qu'une  fromagerie  fonctionne  dequis  trois  ans 
dans  ce  village  et  est  alimentée  par  une  quarantaine  de 
patrons. 

La  population,  au  1er  janvier  1900,  était  de  728  âmes. 

SAINTE  PERPETUE 

C'est  encore  une  colonie  échelonnée  sur  la  route  Flgin, 
t?t  ce  n'est  point  la  moins  importante.  Elle  a  même  pris 
en  ces  derniers  temps  un  essor  assez  considérable. 

Les  premiers  défrichements  datent  de  quarante  ans  et 
les  premiers  colons  furent  MM.  David  Lizotte,  décédé 
l'an  dernier  à  l'âge  de  90  ans,  Moise  Vaillancourt,  Narcisse 
Pelletier,  Olivier  Lagacé,  Anselme  Fournier,  Joseph 
Daigle,  Clément  Morneau,  Prosper  Carrier,  Célestin 
Fournier  et  Moïse  Duval.  Tous  ces  colons  venaient  de 
St-.Tean  Port  Joli  et  de  Saint- Aubert. 

t  ne  chapelle  fut  bâtie  il  y  a  quelque  trente  ans  et  les 
premiers  curés  qui  exercèrent  le  ministère  furent  MM.  les 
abbés  Ign    Langlois  et  J.  B.  Soulard. 

Ste-Perpétue  est  formée  de  deux  cantons,  Lafontaine  et 
Garneau,  qui  se  font  face  chaque  côté  de  la  route  Elgin, 
Dans  presque  toutes  les  concessions  de  ces  cantons,  les 
terres  sont  de  bonne  qualité  et  sles  pâturages  de  premier 
ordre.  Déjà,  deux  de  ces|concessions,  les  rangs  quatre  et 
cinq  de  Lafontaine,  bordées  par  le  chemin  Taché,  sont 
entièrement  colonisées. 


—  62  — 

Le  mouvement  colonisateur  qui  semble  s'affirmer  depuis 
quelques  années  dans  cette  région,  a  pour  principal  appui 
le  curé  de  l'endroit,  monsieur  l'abbé  Martin. 

La  paroisse  doit  de  plus  à  l'initiative  intelligente  de  ce 
jeune  prêtre  la  fondation  d'un  cercle  agricole  qui  compte 
présentement  soixante-quinze  membres.  Elle  doit  aussi 
à  ses  efforts  l'organisation  d'une  fromagerie,  organisation 
qui  avait  déjà  été  tentée  à  plusieurs  reprises,  mais  sans 
succès. 

Cette  fromagerie  qui  ne  fonctionne  que  depuis  un  an, 
avait  déjà  fabriqué  au  mois  de  juin  1900,  6,780  livres  de 
fromage,  et  M.  l'abbé  Martin  qui  en  est  l'âme  dirigeante, 
croit  pouvoir  enrôler,  l'an  prochain,  cinquante  à  soixante 
patrons. 

Ste-Perpétue,  étant  éloignée  de  St-Jean  Port  Joli  de 
sept  lieues,  M.  l'abbé  Martin  a  eu  l'excellente  idée,  pour 
accommoder  les  cultivateurs,  d'installer  un  réseau  télé- 
phonique qui  leur  permet  de  communiquer  avec  les 
paroisses  du  bord  de  Veau. 

La  population  de  Ste-Perpétue  comprend  1,050  âmes. 
C'est  une  augmentation  notable  si  l'on  considère  qu'il  y  a 
moins  de  trois  ans,  le  dénombrement  de  la  paroisse  n'avait 
donné  que  650  âmes. 

SAINT  PAMPHILE 

Il  faut  traverser  la  route  Elgin  dans  toute  sa  lon- 
gueur—  soit  une  distance  de  trente-trois  milles — pour 
atteindre  ce  village.  St-Pamphile  se  trouve  en  effet 
situé  à  l'extrémité  de  la  route  Elgin,  et  touche  presqu'à 
la  frontière. 

Ce  village  vit  arriver  son  premier  colon,  il  y  a  quarante 
ans.     Il  s'appelait  Frédéric  Yaillancourt. 

Celui-ci  possédait  déjà  une  bonne  terre  à  St-Aubert, 
mais  se  trouvant  dans  l'impossibilité  d'établir  tous  ses 
enfants  dans  cette  dernière  paroisse,  il  prit  le  parti  de 
pousser  une  pointe  dans  la   forêt,  à  l'endroit  même  ou  le 


h- ( 

X 

CL, 


—  63  — 

gouvernemeiit  faisait  ouvrir  une  route  do  colonisation 
qui  devait  porter  le  nom  de  route  El  gin.  Accompagné  de  sa 
femme  et  de  cinq  enfants,  il  se  mit  aussitôt  à  défricher,  et 
l'année  suivante,  la  terre  lui  rapportait  suffisamment  pour 

se  sustenter 

La  famille  de  ce  brave  vieillard  possède  aujourd'hui 
l'une  des  plus  belles  fermes  deSt-Pamphile  et  jouit  d'une 
aisance  des  plus  enviables. 

Nous  avons  eu  le  plaisir  d'être  présenté  à  cet  ancien 
pionnier  de  St-Pamphile.  C'est  un  robuste  vieillard, 
d'humeur  joviale,  aimant  à  causer  du  passé  et  portant 
allègrement  le  poids  de  ses  quatre-vingt  ans.  Le  travail 
pas  plus  que  les  distances  n'ont  jamais  fait  peur  à  cet 
intrépide  colon.  Au  milieu  de  ses  travaux  de  défriche- 
ment, il  trouvait  moyen  de  porter  la  malle  une  fois  par 
semaine  à  St-Jean  Port  Joli.  Et  ce  trajet  qui  comporte 
une  distance  de  vingt  lieues,  aller  et  retour,  Frédéric 
Yaillancourt  l'a  fait  à  pied,  des  années  durant,  à  travers 
la  forêt  et  par  toutes  les  températures. 

Frédéric  Yaillancourt  eut  des  imitateurs.  Le  bruit 
s'était  répandu  dans  les  paroisses  environnantes,  que  les 
terrains  échelonnés  le  long  de  la  route  Elgin  étaient  de 
bonne  qualité.  On  accourut  de  toutes  parts.  Les  familles 
de  Pierre  Vaillan court,  de  Cléophas  Saint-Amand,  de 
Chs.  Fongemie  dit  Yadeboncœur,  de  Timothée  Ouellet,de 
Lazare  Koutot,  toutes  de  St-Roch  des  Aulnais,  prirent  des 
lots  qui  sont  aujourd'hui  devenus  des  fermes  qui  ne  le 
cèdent  guère  aux  plus  belles  fermes  de  nos  vieilles  parois- 
ses. 

Jusqu'à  1880,  Saint-Pamphile  n'était  encore  qu'une 
mission  ;  mais  à  partir  de  cette  année,  l'autorité  ecclésias- 
tique y  nomma  un  curé  résident,  monsieur  l'abbé  Adal- 
bert  Blanchet. 

Sous  l'action  bienfaisante  de  ce  prêtre  qui  paraît  avoir 
laissé  d'ineffaçables  souvenirs  dans  l'esprit  de  ses  parois- 
siens, Saiut-Pamphile  a  pris  un  essor  considérable. 


—  61  — 

La  colonisation  a  été  poussée  avec  vigueur  dans  les 
cantons  Dionne  et  Casgrain,  et  monsieur  l'abbé  Blanchet, 
se  plaçant  lui-même  à  la  tête  du  mouvement,  a  jeté,  il  y  a 
cinq  ou  six  ans,  dans  le  canton  Leverrier,  les  fondements 
d'une  nouvelle  colonie  qui  porte  son  nom,  Saint- Adalbert, 
et  qui,  au  dire  de  tous,  est  pleine  de  promesses  pour 
l'avenir. 

Saint-Pamphile  a  vu  se  construire  en  même  temps  trois 
moulins  à  scie  et  tout  dernièrement  une  beurrerie  qui 
n'est  encore  patronnée  que  par  cinquante-cinq  cultiva- 
teurs, mais  qui  ne  manquera  pas  de  l'être  par  un  bien  plus 
grand  nombre  lorsque  tous  les  préjugés  et  les  causes 
d'embarras  auront  disparu. 

La  population  de  Saint-Pamphile,  qui  n'était  à  peu 
près  que  de  mille  âmes  en  189  ï ,  atteignait  au  premier 
janvier  1900.  le  chiffre  de  l'250  âmes. 

Ajoutons  que  Saint-Pamphile  qui  est  formé  de  deux 
grands  cantons — les  cantons  Dionne  et  Casgrain  —est  par 
excellence  un  pays  de  sport. 

Aussi  tous  les  colons  de  l'endroit  sont-ils  un  peu  chas- 
seurs. 

Au  reste,  comment  en  serait-il  autrement,  lorsque  le 
chevreuil,  le  caribou  et  même  le  superbe  daim  se  pré- 
sentent presqu'à  portée  de  fusil  ? 

La  chasse  se  fait  sur  la  rivière  Noire  et  sur  la  petite  ri- 
vière St«Roch,  cette  dernière  à  trois  milles  seulement  de 
St-Pamphile.  Le  pays  qui  avoisine  ces  deux  rivières  est 
absolument  giboyeux.  On  ne  cite  pas  de  chasseur  qui 
soit  jamais  revenu  bredouille. 

SAINT -MARCEL 

Un  bonne  route,  partant  du  village  de  l'Islet  et  d'une 
longueur  de  vingt  et  un  milles,  vous  conduit  en  droite 
ligne  à  St-Marcel. 

Ce  village  a  pris  naissance  dans  le  canton  Arago,  sur  la 
lisière  du  chemin  Taché  qui  sépare  les  cinquième  et 
sixième  concessions  de  ce  canton. 


ST-PAMPHILE.— Le  premier  colon  de  St-Pamphile,  Frédéric 
Vaillancourt  (âgé  de  80  ans)  et  sa  femme. 


—  65  — 

Ces  deux  rangs  sont  aujourd'hui  complètement  défri- 
chés et  occupés.  On  envahit  maintenant  la  septième  con- 
cession, ainsi  que  les  trois  premiers  rangs  bordés  par  la 
route  de  l'Islet.  Nous  avons  même  remarqué  dans  ces 
rangs  des  fermes  tenues  sur  un  bon  pied. 

St-Marcel  est  certainement  appelé  à  prendre  de  l'exten- 
sion, car  la  terre  est  bonne  presque  partout  et  le  bois  en 
quantité  suffisante  pour  les  besoins  des  colons.  Il  y  a 
même,  sur  plusieurs  rangs,  de  grandes  érablières  qui  ne 
demandent  qu'à  être  exploitées. 

Les  premiers  défrichements  datent  de  vingt-cinq  ans. 
Ce  furent  trois  frères,  originaires  de  Saint-Cyrille  de 
l'Islet,  Pierre,  Elzéar  et  Alexis  Pelletier,  qui  abattirent 
les  premiers,  la  forêt.  Pour  tout  bagage,  ils  n'emportaient 
qu'une  hache  et  quelques  denrées  pour  un  temps  assez 
limité.  C'est  peut-être,  direz-vous,  l'histoire  de  bien 
d'autres  pionniers,  mais  cette  histoire-là  ne  saurait  être 
banale,  car  elle  suppose  toujours  de  l'héroïsme,  et  l'héroïs- 
me est  une  vertu  assez  rare  pour  mériter  qu'on  la  mette 
en  vedette  chaque  fois  qu'elle  s'épanouit. 

Les  frères  Pelletier  n'eurent  pas  lieu,  au  reste,  de 
regretter  le  dur  labeur  des  premiers  jours  ni  même  l'iso- 
lement auquel  ils  se  trouvèrent  forcément  condamnés 
pendant  une  dizaine  d'années,  car  le  succès  leur  a  souri, 
comme  il  sourit  toujours  aux  vaillants.  Les  terres  qu'ils 
ont  défrichées  à  la  sueur  de  leur  front  donnent  au- 
jourd'hui d'abondantes  récoltes.  Le  plus,  les  frères  Pelle- 
tier possèdent  de  spacieux  bâtiments,  d'excellentes  habi- 
tations et  sont  outillés  comme  les  plus  riches  cultivateurs 
de  nos  anciennes  paroisses. 

La  première  chapelle  de  Saint-Marcel  a  été  bâtie  en 
1885.  C'est  encore  cette  chapelle  qui  sert  au  service  reli- 
gieux, mais  elle  est  devenue  insuffisante,  et  l'on  agite  déjà 
la  question  de  la  remplacer  par  un  temple  plus  spacieux. 
Monsieur  l'abbé  Dulac  qui  dessert  cette  paroisse  depuis 
six  ans,  et  qui  en  est  le  premier  curé  titulaire,  n'épargne 
5 


—  66  — 

aucun  effort  pour  développer  sa  colonie  et  améliorer  son 
sort.  Les  cultivateurs  de  Saint-Marcel  souffraient  tout 
particulièrement  de  leur  isolement,  et  de  la  difficulté 
qu'ils  avaient  à  communiquer  avec  les  paroisses  les  plus 
voisines.  M.  l'abbé  Dulac  s'est  mis  en  frais  de  monter 
une  ligne  téléphonique,  et  aujourd'hui  Saint-Marcel  peut 
se  faire  entendre,  à  toute  heure  du  jour  et  de  la  nuit,  à 
St  Eugène,  à  St-Cyrille,  à  l'Islet  et  jusqu'au  Cap  Saint- 
Ignace, 

Soucieux  du  bien-être  matériel  de  ses  colons,  M.  l'abbé 
Dulac,  avec  des  ressources  plus  que  modestes,  a  aussi 
réussi  à  organiser  en  1896,  une  fromagerie  qui  donne,  cha- 
que année,  des  résultats  de  plus  en  plus  satisfaisants.  Les 
dix-sept  patrons  qu'il  a  enrôlés  ont  fourni  à  la  nouvelle 
fabrique,  au  mois  de  juin  dernier,  85,000  livres  de  lait. 

La  paroisse  St-Marcel  compte  actuellement  cinquante 
familles,  représentant  316  âmes. 

Comme  dans  la  plupart  des  colonies  nouvelles,  les 
familles  sont  ici  très  prolifiques.  On  nous  a  cité  pour  le 
moins  dix  colons  sur  lesquels  le  Ciel  s'est  plu  à  répandre 
plus  spécialement  ses  abondantes  bénédictions  en  leur 
donnant  à  chacun  dix  et  douze  enfants.  Les  trois  frères 
Pelletier,  fondateurs  de  St-Marcel,  conviés  récemment  à 
une  noce  de  famille,  ont  pu  fournir  à  eux  seuls  un  bataillon 
de  quarante-sept  enfants. 

Peut-on  désespérer  après  cela  de  l'avenir  de  notre 
race  ? 

SAINT  ADALBERT 

C'est  M.  l'abbé  Adalbert  Blanchet,  ancien  curé  de 
St-Pamphile,  qui  a  jeté,  il  y  a  sept  ou  huit  ans,  les  fonde- 
ments de  cette  colonie. 

Celle-ci  ne  comprend  encore  qu'un  nombre  assez  res- 
treint de  familles,  mais  d'autres  colons  ne  tarderont  point 
à  s'y  porter,  car  le  canton  où  cette  colonie  a  surgi, — le 
canton  Leverrier—  est  l'un  des  meilleurs  cantons  du 
comté  de  l'Islet. 


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COMTE  DE  KAMOURASKA 


ANCIENNES  CONCESSIONS  SEIGNEURIALES 

A  l'instar  des  comtés  de  l'Islet  et  de  Montmagny  il  y 
eut  ici,  sous  le  régime  français,  plusieurs  concessions 
importantes  de  seigneuries  et  de  fiefs. 

L'une  d'elles,  la  Seigneurie  de  Kamouraska  échut  en  par- 
tage, en  lf>t4,  à  Olivier  Morel  de  la  Durantaye.  Charles 
Aubert  de  la  Chesnaye  en  devint  le  second  concession- 
naire, puis  elle  passa  successivement  aux  mains  de  Louis 
Aubert  de  Forillon,  de  Henry  Hiché,  de  Jean  Baptiste  de 
Charnay.  En  1830,  M.  Paschal  Taché  en  était  le  pro- 
priétaire. 

Cette  seigneurie  était  réputée  l'une  des  plus  belles  de 
la  rive  sud  du  fleuve  St-Laurent.  Le  sol  en  était  remar- 
quablement fertile,  le  climat  des  plus  salubres,  et  avec 
tout  cela,  un  panorama  des  plus  grandioses  et  des  plus 
réjouissants  pour  l'œil.  En  face  de  la  seigneurie,  un 
groupe  d'îles  très  fréquentées  par  les  amateurs  de  pêche  et 
respectivement  nommées  Ile  Brûlée,  la  Grosse  Isle,  de- 
venue le  siège  de  la  Quarantaine,  l'île  au  Patin,  l'île  de  la 
Providence,  l'île  aux  Corneilles,  etc. 

Les  pâturages  de  la  seigneurie  étaient  aussi  tenus  pour 
excellents,  et  déjà  en  1830,  raconte  M.  Bouchette,  ancien 
arpenteur-général  du  Canada,  le  beurre  venant  de  Ka- 
mouska  était  fort  prisé  sur  les  marchés  de  Québec. 

La  seigneurie  de  la  Rivière  Uuelle  ou  La  Bouteilterie  eut 
pour  premier  concessionnaire  en  16*72,  Jean  François 
Deschamps,  sieur  de  la  Bouteillerie.  Son  fils  Louis 
Deschamps  de  Boishébert  en  hérita  en  1276,  et  en  1781, 
Michel  Perreault  acheta  successivement  les  différentes 
parties  de  ce  fief. 


—  68  — 

Le  fief  Saint-Denis  fut  donné  en  1679  à  Nicolas  Juche- 
reau  de  Saint-Denis.  Il  passe  ensuite,  à  l'honorable 
Antoine  Juchereau  Duchesnay,  et  en  1812  à  François 
Blanchet.  A  partir  de  1830,  M.  Amable  Dionne  en 
devient  l'acquéreur. 

Sainte-Anne  Lapocàtière  forma  aussi  un  fief.  C'est 
Talon  qui  eu  fit  la  concession,  le  29  octobre  1672,  à 
Demoiselle  Marie-Anne  Juchereau.  veuve  de  Sieur  de  la 
Combe  Pocatière. 


ORGANISATION  DES  PAROISSES. -PQPU  LATJON- COLLEGE 
CLASSIQUE-ECOLE  D  AGRICULTURE. 

En  1832,  le  comté  de  Kamouraska  ne  contenait  encore 
que  cinq  paroisses  organisées.  Il  en  avait  quinze  en  1891, 
et  en  cette  même  année  de  1900,  nous  en  relevons  dix- 
sept. 

Quant  au  chiffre  de  la  population,  on  l'estimait  au 
dernier  recensement  à  20,454  habitants  : 

Paroisses  Population 

Kamouraska  (village) 600  âmes 

Mont-Carmel 1   075  " 

Rivière  Ouelle 1   972  " 

St  Alexandre 1   741  " 

Ste  Anne  de  la  Pocatière 2   734  " 

St  André  et  partie  de  Notre  Dame  du  Portage.   1   398  il 

St  Denis 909  " 

St  Eleuthère 611  " 

Ste  Hélène 1   518  " 

St  Louis 1  050  " 

St  Onésime  dlxworth 760 

StPacôme 1   928  " 

St  Pascal  de  Woodbridge 3   109  " 

St  Philippe  de  Néri 1   049  »« 

Bon  nombre  de  ces  paroisses,  et  notamment  Ste-Anne 
de  la  Pocatière,  la  Rivière  Ouelle,  St-Philippe  de  Néri, 


—  PO  — 

St-Paschal,  St-André,  S t- Alexandre,  ont  l'avautage  d'être 
reliés  par  le  chemin  de  fer  Intercolonial  et  sont  respecti- 
vement dotées  d'excellentes  gares. 

Quelques-uns  de  ces  villages — ceux  surtout  qui  bordent 
notre  magnifique  fleuve — ont  une  histoire  déjà  vieille.  Il 
en  est  en  effet  dont  la  fondation  remonte  à  plus  d'un 
siècle  et  qui  ont  déjà  été  l'objet  d'études  assez  approfon- 
dies. C'est  déjà  dire  que  nous  n'avons  pas  l'intention  d'y 
revenir  ;  au  reste,  cela  nous  entrai  aérait  au  delà  du  but 
que  nous  poursuivons.  Nous  ne  toucherons — et  encore 
que  très  sommairement — qu'à  six  ou  sept  de  ces  villages, 
déjà  bien  connus. 

*  * 

Le  plus  important  est  Ste-Anne  La  P>>catière,  à  soixante- 
quinze  milles  de  Québec.  On  a  déjà  vu  que  sa  population 
atteignait  près  de  2,800  âmes.  Il  importe  aussi  d'ajouter 
que  cette  paroisse  est  le  siège  d'un  magnifique  collège 
classique,  admirablement  situé,  et  qui  donne,  chaque 
année,  l'instruction  à  près  de  trois  cents  élèves.  Ce  collège 
fondé  en  1827,  parle  révérend  Charles  François  Painchaud, 
a  fourni  à  notre  pays,  toute  une  pléiade  d'hommes  qui 
ont  fait  honneur  à  notre  société. 

Nos  gouvernements  ont  aussi  doté  ce  village,  d'une 
excellente  école  d'agriculture.  Cette  école  reçoit,  pour  se 
sustenter,  une  allocation  aunuelle  de  $5,000  et  ses  cours 
sont  fréquentés  par  une  moyenne  de  vingt-cinq  à  trente 
élèves. 

L'éloge  de  cette  école  n'est  plus  à  faire  Elle  a  rendu 
et  rend  encore  d'inestimable  services  à  la  cause  agricole, 
en  combattant  la  routine  et  en  mettant  sous  les  yeux  des 
cultivateurs  des  exemples  de  culture  améliorée  réellement 
payante. 

Cette  école  possède  une  vaste  ferme  modèle  dont  la 
superficie  en  terres  soumises  à  la  culture  améliorante, 
dépasse  cinq  cents  arpents. 


—  10  — 

De  plus,  pour  accommoder  le  commerce  de  la  localité 
qui  est  assez  considérable,  le  gouvernement  d'Ottawa  a 
commencé  on  1885  et  achevé  en  1887  un  quai  sur  le  fleuve 
de  585  pieds  de  long  sur  20  pieds  de  large. 

Ste-Anne  possède  en  outre  trois  bonnes  fromageries  qui 
ont  rapporté  l'an  dernier  plus  de  $20,000. 

*  * 

Yoici  maintenant  le  village  de  Kamouraska.  Avec  son 
décor  merveilleux,  ses  élégantes  villas  et  son  heureuse 
situation  sur  le  fleuve,  il  est  devenu,  depuis  de  longues 
années  déjà,  le  séjour  recherché  des  citadins.  Trois  à 
quatre  cents  personnes  fréquentent  ses  belles  plages 
durant  la  saison  estivale.  Kamouraska  fut  même  pen- 
dant longtemps  l'unique  place  d'eau  de  renom  de  la  pro- 
vince. On  y  accourait  de  toutes  parts,  mais  depuis,  la 
concurrence  est  venue  et  la  clientèle,  avide  de  nouveautés, 
s'est  partagée.  Ce  déplacement  ne  peut  affecter  en  rien 
sa  bonne  renommée,  Kamouraska  demeurant  toujours 
l'une  de  nos  stations  balnéaires  qui  offrent  le  plus  de 
charmes  aux  touristes. 

La  \  aroisse  de  St  Louis  de  Kamouraska  a  été  démembrée 
il  y  a  quelques  années.  On  en  a  tiré  une  nouvelle 
paroisse  qui  a  été  érigée  canoniquement  en  1893  sous  le 
vocable  de  S aiut- Germain;  M.  l'abbé  Ferdinand  Bégin  en 
a  été  le  premier  curé  titulaire.  La  population  actuelle 
de  St-G-ermain  est  de  H36  âmes. 

*#* 

Saint-Paschal  est  une  paroisse  qui  date  de  1827.  En 
ces  dernières  années,  elle  a  été  démembrée  à  son  tour,  et 
l'on  a  formé  en  1893  la  paroisse  de  Saint-Bruno,  avec  une 
population  de  687  âmes. 

* 

*  * 


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-71  — 

Saint- Vacante  est  presqu'un  village  industriel.  Les 
messieurs  King  y  possèdent  une  grande  scierie  qui  donne 
de  l'emploi  à  plus  de  cent  familles. 

La  fromagerie  de  St-Pacôme  qui  est  installée  sur  un 
bon  pied  a  produit  en  1899  une  recette  nette  de  $12,000. 

^^ 

La  paroisse  de  la  Rivière  Ouelle  doit  son  nom  à  un  ancien 
contrôleur-général  des  salines  en  Brouage  :  M.  Ouel  ou 
encore  Houël. 

Ce  village,  déjà  ancien,  situé  sur  la  rivière  du  même 
nom,  sur  la  rive  sud  du  Saint-Laurent,  se  trouve  à  près 
de  quatre- vingt  milles  en  bas  de  Québec. 

Il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  dire  que  sur  ses 
plages  viennent  s'ébaudir  à  l'ouverture  de  la  saison  prin- 
tanière  de  nombreux  troupeaux  de  marsouins,  auxquels 
les  propriétaires  riverains  font  une  chasse  souvent  pro- 
fitable. Pour  ne  parler  que  de  la  seule  année  de  1898, 
deux  cent  quarante-cinq  de  ces  animaux  furent  tués- 
Leur  dépouille  peut  donner,  pour  chaque  tête,  $35.00  à 
$40.00,  ce  qui  constitue,  après  tout,  un  profit  qui  n'est  pas 
à  dédaigner. 

L'industrie  laitière  est  aussi  en  honneur  dans  cette 
paroisse.  Nous  voyons,  en  effet  par  les  statistiques  de 
1899,  que  la  société  de  fabrication  de  beurre  et  de  fromage 
de  la  Rivière  Ouelle  a  donné  au  commerce  52,766  livres 
de  beurre  et  48,631  livres  de  fromage.  Et  cette  société 
parait  vouloir  augmenter  encore  ses  opérations. 

On  remarque  aussi  à  la  Rivière  Ouelle,  ou  plutôt  à  la 
-\  Pointe  aux  Orignaux  qui  se  trouve  à  quatre  milles  en  bas 
du  village,  une  superbe  jetée  que  construisit  le  gouverne- 
ment vers  1856.  Cette  jetée,  avec  le  phare  que  Ton  y  a 
installé  en  1875,  a  coûté  dans  les  $250,000.  Les  bateaux 
d'une  certaine  dimension  peuvent  aborder  assez  aisément 
à  ce  quai,  la  profondeur  de  l'eau  étant  d'environ  quatorze 
pieds  à  marée  basse. 


—  72  — 

La  paroisse  de  Saint- Alexandre,  à  trente-cinq  lieues  de 
Lévis,  et  que  traverse  le  chemin  de  fer  Intereolonial,  a 
cinquante  ans  d'existence. 

C'est  un  village  superbement  bâti  et  qui  respire  l'ai- 
sance. 

Le  grand  commerce  de  bois  qui  se  fait  dans  les  cantons 
en  arrière  et  plus  particulièrement,  dans  le  canton  Pohéné- 
gamook  a  contribué  dans  une  assez  large  mesure  au 
développement  de  ce  village.  C'est  sur  Saint- Alexandre, 
en  effet,  que  l'on  dirige  les  cargaisons  de  bois  coupé  dans 
le  canton  de  Pohéuégamook,  pour  être  de  là  transportées  à 
Québec. 

Cette  paroisse  compte  deux  fromageries  et  deux  bonnes 
scieries  à  vapeur. 

*  * 

Le  village  le  plus  éloigné  du  comté  de  Kamouraska 
est  St-Eleuthère.  11  se  trouve  entièrement  dans  l'intérieur 
des  terres,  à  vingt-quatre  milles  de  St-Alexandre  et  à  six 
milles  de  la  frontière. 

Le  voisinage  immédiat  dn  lac  Pohéuégamook  n'est  pas 
sans  lui  donner  un  certain  cachet  d'originalité   piquante. 

C'est  un  village  relativement  nouveau,  puisque  sa  fon- 
dation remonte  à  peine  à  vingt-cinq  ans,  M.  l'abbé 
Edouard  IV oy  en  fut  le  premier  curé  et  le  desservaut  actuel 
est  M.  l'abbé  David  Chenard. 

St-Eleuthère  est  bâti  en  entier  sur  le  côté  sud-est  du 
lac;  la  colonisation  n'a  point  porté  encore  de  l'autre  côté 
pour  cette  bonne  raison  que  les  terres  y  sont  médiocres. 

Il  faut  noter  toutefois  que  le  canton  Pohénégamook  dans 
lequel  se  trouve  enclavée  la  paroisse  de  St-Eleuthère,  ren- 
ferme une  assez  grande  quantité  de  bonnes  terres.  La 
preuve  en  est  dans  le  fait  que  chaque  année  l'on  voit  ici 
grossir  le  noyau  des  colons  et  que  les  défrichements 
avancent  assez  rapidement. 


—  73  — 

Le  commerce  de  bois  qui  se  fait  daus  ce  canton  est  un 
grand  appoint  pour  les  colons  de  l'endroit.  Trois  moulins 
à  scie  y  fonctionnent  et  l'on  y  fabrique  plus  spécialement 
du  bardeau  que  l'on  expédie  dans  les  autres  paroisses  du 
comté. 

St-Eleuthère  a  eu  le  bon  esprit  de  se  doter  d'une  froma- 
gerie en  juillet  dernier.  0'e«t  déjà  dire  que  la  classe 
agricole  trouvera  ià  un  encouragement  de  plus  à  élever 
des  animaux  et  à  tirer  parti  des  pâturages 

La  route  qui  conduit  de  St-Alexandre  à  St-Eleuthère 
est  en  excellent  état  et  facilite  grandement  les  relations 
commerciales  entre  ces  deux  paroisses 

La  population  actuelle  de  St-Eleuthère  est  de  650  âmes, 

L'INDUSTRIE  LAITIERE. -LE  MOUVEMENT  COLONISATEUR 

L'industrie  laitière  a  toujours  été  florissante  dans  ce 
comté.  Le  dénombrement  de  1891  donnait  déjà  11,067 
vaches  laitières  et  les  rapports  officiels  de  1896  signalaient 
dans  le  même  comté  l'existence  de  dix-neuf  fromageries 
et  de  trois  grandes  beurreries,  à  St«  Denis,  à  Notre-Dame 
du  Mont-Carmel  et  à  St-Philippe  de  Néri. 

La  production  de  Tannée  1899  a  été  elle-même  des  plus 
satisfaisantes.  Klle  a  donné  $36,621  pour  le  beurre  et 
$100,217  pour  le  fromage.  D'après  les  apparences,  ce 
chiffre  sera  encore  dépassé  pour  l'année  1900 

Si  l'industrie  laitière  est  en  plein  épanouissement  dans 
ce  beau  comté,  l'on  ne  saurait  en  dire  autant  du  mouve- 
ment colonisateur,  au  moins  pendant  les  trente  à  quarante 
dernières  années.  Nous  n'irons  jusqu'à  dire  que  ce 
mouvement  a  été  nul,  mais  qu'il  s'est  affirmé  d'une  ma- 
nière peu  sensible. 

Il  ne  faudrait  pas  en  conclure  que  le  territoire  à 
coloniser  dans  ce  collège  électoral  est  inférieur  à  bien 
d'autres,  ou  même  qu'il  ne  s'y  rencontre  pas  assez  de 
terres  dont  l'Etat  puisse  disposer.  Entretenir  cette  opinion 
ce   serait  se  tromper  grandement.     L'étendue  des  teires 


—  74  — 

disponibles  dans  ce  comté  est  en  effet  près  de  300,000 
acres,  avec  six  cantons  dont  qnelques-uns  comme  ceux 
de  Pohénegamook,  Chabot,  Ixworth,  renferment  nombre 
de  lots  d'excellente  qualité. 

Ce  qui  parait  avoir  enrayé  le  mouvement  colonisateur 
dans  ce  comté,  ou,  ponr  être  plus  précis,  ce  qui  l'a  empê- 
ché de  se  déverser  dans  les  cantons  qui  le  composent,  c'est 
la  campagne  faite  il  y  a  plus  de  quarante-cinq  ans  déjà 
en  faveur  de  la  région  du  lac  >St-Jean.  Monsieur  le  curé 
Hébert,  de  regrettée  mémoire,  qui  avait  visité  cette  région 
et  qui  en  était  revenu  avec  une  impression  des  plus 
favorables,  fut  le  principal  artisan  de  cette  propagande. 
A^a  voix,  les  fil»  de  cultivateurs  du  comté  de  Kamouraska, 
anxieux  de  se  créer  un  établissement,  dirent  adieu  à  leurs 
foyers  et  vinrent  jeter  les  fondements  d'une  nouvelle 
colonie  dans  le  canton  Labarre,  dans  le  comté  du  lac  St- 
Jean.  Les  terres  y  étaient  magnifiques,  le  sol  fertile,  le 
pays  dénué  de  roches.  C'en  fut  assez  pour  que  les  pion- 
niers venus  de  Kamouraska  s'éprissent  d'affection  pour  le 
nouveau  sol  qu'ils  ioulaient.  De  nouvelles  recrues  vinrent 
bientôt  se  joindre  à  eux,  et  en  quelques  années  les 
colons  de  Kamouraska  fondaient  ce  superbe  village 
d'Hébertville  qui  est  devenu  la  plus  grande  paroisse  de 
la  région  du  lac  St-Jean. 

Le  courant,  une  fois  dirigé  de  ce  côté,  il  ne  pouvait 
plus  être  question  de  le  contrecarrer.  Au  reste,  ce 
déplacement,  quoique  fait  au  détriment  du  comté  de 
de  Kamouraska  lui-même,  servait  en  définitive  la  cause  de 
la  colonisation  et  c'était  le  principal  but  à  atteindre. 

L'absence  de  voies  de  communication  n'a  pas  été  non 
plus  sans  empêcher  quelque  peu  un  bon  nombre  de  famil- 
les des  vieilles  paroisses  de  Kamouraska  de  pénétrer  à 
l'intérieur  et  d'y  asseoir  de  nouvelles  colonies.  On  semble 
compter  maintenant — et  après  tout  l'on  n'a  pas  tort — 
pour  s'emparer  des  cantons  et  ouvrir  la  forêt,  sur  le  chemin 
de   fer   qui   doit   traverser    les    comtés    de    Bellechasse, 


—  75  — 

Montmagny,  l'Islet  et  toucher  Pohénegamook  dans  le 
comté  de  Kamouraska.  Il  est  hors  de  doute  qu'une  voie 
ferrée  traversant  les  immenses  et  belles  forêts  de  ce  comté, 
imprimerait  une  impulsion  vigoureuse  à  la  colonisation 
tout  aussi  bien  qu'à  l'industrie  forestière  dans  ce  petit 
coin  de  notre  pays. 


LES  CANTONS 

Pohénegamook. — Fresque  partout  dans  les  onze  rangs 
qui  composent  ce  canton,  la  terre  est  bonne.  Il  y  a  une 
rangée  de  montagnes  entre  le  premier  et  le  deuxième  rang. 

Les  deuxième,  troisième,  quatrième,  cinquième,  sixième, 
septième  et  huitième  rangs,  sont  en  bonne  partie  colonisés. 
Ceux  qui  ont  exploré  ce  canton  autrefois  ont  appuyé 
sur  son  importance  comme  centre  de  commerce,  par  son 
beau  lac  et  les  communications  par  eau  de  ce  lac  à  la 
rivière  St-Jean  par  la  rivière  St-François  et  par  les  che- 
mins de  communication  entre  St-Alexaudre,  la  Bivière- 
du-Loup,  îSaint-André  et  ailleurs. 

Les  grands  chantiers  que  l'on  fait  ici  depuis  nombre 
d'année  ont  en  grande  partie  épuisé  la  forêt. 

Il  y  a  35,000  acres  à  vendre  dans  ce  canton,  et  il  n'y  a 
jusqu'ici  que  150  lots  vendus. 

Btjngay. — Ce  canton  est  ouvert  à  la  colonisation  depuis 
1857.  Il  compte  neuf  rangs  mais  les  lots  pris  jusqu'ici  se 
trouvent  dans  k«s  quatre  premiers  rangs. 

Ce  n'est  pas  au  reste  un  canton  dont  l'on  puisse  dire 
beaucoup  de  bien.  Du  sixième  rang  au  neuvième,  la 
plupart  des  lots  sont  rocheux  et  pauvres  J'ajouterai  que 
les  nombreux  chantiers  qui  ont  été  faits  ont  à  peu  près 
ruiné  la  forer. 

Chabot. — Douze  rangs  et  57,000  acres  de  terres  à  ven- 
dre.    Terrain  accidenté  mais  propre  à  la  culture,  surtout 


—  76  — 

dans  la  partie  sud  du  canton.  Peu  de  colons  s'y  sont 
dirigés,  bien  que  ce  canton  soit  ar.  enté  depuis  quarante 
ans.'  Il  y  a  à  peu  près  un  vingtaine  de  lots  qui  ont  été 
pris. 

Les  colons  de  Chabot  viennent  en  grande  partie  du 
canton  Pohénégamook. 

Chapais. — 54,000  acres  de  terres  disponibles  et  mises  en 
vente  depuis  1862.  Environ  70  lots  ont  été  achetés  dans 
les  deuxième  et  troisième  rangs,  qui  se  trouvent  sur  le 
chemin  Taché.  Le  terrain  dans  ce  canton  est  inégal  et 
rocheux. 

Ixworth. — C'est  le  plus  ancien  canton  du  comté.  Il  fut 
ouvert  à  la  colonisation  en  1842,  mais  déjà  dans  les  pre- 
mières années  du  siècle,  vers  1802,  des  lots  y  avaient  été 
pris  dans  le  premier  rang. 

Ce  canton  renferme  seize  rangs  mais  les  sept  premiers 
sont  complètement  établis. 

La  paroisse  de  St-Onésime,  forte  d'une  population  de 
505  âmes,  fait  partie  de  ce  canton.  Une  route  a  été  ouyerte, 
en  1897,  depuis  le  premier  rang  jusqu'au  chemin  Taché. 
Il  reste  encore  neuf  rangs  à  coloniser,  a\rec  une  étendue 
de  38,000  acres  de  terres.  Ces  rangs  ne  sont  pas  toutefois 
aussi  bons,  ni  aussi  avantageux  que  les  premiers.  Quant 
au  bois  de  commerce,  il  a  été  à  peu  près  complètement 
enlevé. 

Painchatjd. — On  a  donné  le  nom  de  Painchaud  à  ce 
canton  qui  offre  une  étendue  de  39,000  acres  de  terres, 
pour  rappeler  le  souvenir  du  vénéré  fondateur  du  collège 
de  Ste-Anne  de  la  Pocatière. 

Le  sol  est  assez  bon  le  long  du  chemin  Taché  qui 
traverse  ce  canton,  mais  il  laisse  à  désirer  partout  ailleurs. 

Au  reste,  le  défricheur  canadien  n'a  pas  encore  porté 
ses  pas  ici.     C'est  à  peine  si  l'on  trouverait  ici,  daus   ce 


—  i  i  — 

Vaste  canton,  huit  à  dix  colons  qui  se  sont  fixés  dans  le 
premier  rang 

On  rencontre  une  grande  quantité  de  cèdre  dans  ce 
cantou. 

Le  gouvernement  a  donné,  en  1897  $550.00  pour  la 
route  du  Mont  Carmel  qui  traverse  ce  canton  et  celui  de 
Chapais.  route  conduisant  de  Notre-Dame  du  Mont-Car- 
tel au  lac  de  l'Est  et  de  là  jusqu'à  la  frontière  des  Etats- 
Unis. 

Parke. — Une  bonne  route  de  colonisation,  le  chemin 
Pohenegaraook,  traverse  ce  canton.  Les  terres  y  sont 
cependant  assez  médiocres,  et  jusqu'ici  peu  de  colons  ont 
été  tentés  d'y  transporter  leuis  pénates.  C'est  à  peine  si 
une  dizaine  de  lots  ont  été  pris. 

Ce  canton  comprend  onze  rangs  et  une  étendue  de 
26,000  acres  de  terres. 

Woodbridge. — Il  y  a  ici  une  colonie  assez  considérable 
qui  occupe  les  cinq  premiers  rangs.  Elle  comptait  en  1896 
une  population  de  607  habitants,  et  la  valeur  de  la  pro- 
priété foncière  était  estimée  à  $90,970 

Le  reste  du  canton,  c'est-à-dire  les  quatre  autres  rangs, 
du  cinquième  au  neuvième,  est  bien  inférieur  à  la  pre- 
mière partie.  Ajoutons  aussi  qu'il  y  reste  assez  peu  de 
bois. 

On  a  fait,  l'an  dernier,  un  chemin  de  front  sur  le 
deuxième  rang,  entre  la  route  des  Rivard  et  la  route 
centrale. 

LE  PRIX  DES  TERRES. 

Les  terrains  dans  les  cantons  du  comté  de  Kamouraska 
se  vendent  sur  le  pied  de  trente  cents  l'acre. 

C'est  M.  N.  LeBel,  agent  des  terres  à  la  Rivière-du- 
Loup,  qui  est  préposé  à  la  vente  de  ces  terrains. 


TABLE  DES  MATIERES, 


Pages. 

Remarques  préliminaires 3 

DORCHESTER,  (comté  de)  :  — 

Aperçu  général   7 

Industrie  laitière 8 

Rivières  Etchemin,  Famine  etc „ 8 

Paroisses  :  St-Anselme 9 

do         Ste-Hénédine,  Ste- Claire,  St-Isidore,   St-Bernard..  10 

do         Ste- Marguerite,  St-Edouard,  St-Malachie,  St-Léon.  11 

do         St-Odilon,  Ste-Germaine,  St-Maxime 12 

do         Ste- Justine 13 

Cantons  :  Cranbourne,  Standon .  .  , 13 

do         Ware,  Langevin 14 

do         Watford 15 

St-Prosper 16 

Ste-Rose 16 

St-Ben  jamin , 17 

BELLECHASSE  :  (comté  de)  :  — 

Population 18 

Paroisses  :  Beaumont,   St-Michel , 19 

do         St-Valier,  St-Raphaël,  St-Charles,  St-Gervais 20 

do         St-Lazare 21 

Rendement  des  beurreries  et  fromageries  pour  1899 21 

Premiers  essais  de  colonisation.  Qualité  du  sol 23 

Cantons  et  nouvelles  colonies 24 

St-Damien.   L'orphelinat  agricole 25 

Notre-Dame  Auxiliatrice  de  Buckland 30 

St-Nazaire 31 

Canton  Mailloux 31 

Paroisse  St-Philémon 32 

Canton  Roux 33 

St-Magloire  (paroisse) 33 

Cantons  Bellechasse  et  Daaquam , 35 

St  Camille  (mission) 35 

Canton  Armagh  et  paroisse  de  St-Cajetan 36 


—  80  — 

MONTMAGNY,  (comté  de)  :— 

Seigneuries 37,  39,  40 

Montmagny  (ville)  et  Rivière  du  Sud 38 

L'Ile  aux  Grues  et  l'Ile  aux  Oies 38 

Cap  St-Ignace  (paroisse) 39 

Berthier  (paroisse) , 40 

Population 41 

Exploitations  agricoles  er,  industrie  laitière 41 

Industrie  forestière. — La  maison  Price 42 

Chemin  Taché  et  la  colonisation 44 

Cantons  Ashburton,  Bourdages,  Patton 46 

do       Panet,  Talon,  Rolette 47 

do       Montminy 48 

Nouvelles  colonies  : 

Notre-Dame  du  Rosaire , 48 

Saint- Paul  de  Montminy 49 

Sainte  Apolline 50 

L'fSLET,  (comté  de)  : 

Anciennes  seigneuries  et  paroisses , 51 

L'Islet  (paroisse) 52 

St  Jean-Port-Joli,  St-Roch,  Ste-Louise,  etc.    (paroisses)   53 

La  pépinière  de  M.  Du  puis 53 

Population. — Exploitations  agricoles  — Fromageries 54 

Organisation  du  téléphone 55 

Terres  disponibles  et  routes  de  colonisation. — Prix  des  terres.  56 

La  route  Elgin 56 

Cantons  Lessard,  Beaubien,  Arago,  Leverrier 57 

do       Lafontaine,  Casgrain 58 

do       Dionne,  Fournier,  Ashford,  Garneau 59 

Nouvelles  colonies  : 

St-  Damase,  (paroisse) 60 

Ste-  Perpétue 61 

St-Pamphile,  (le  premier  colon) 62 

La  chasse  au  caribou  et  au  chevreuil 64 

St-Marcel 64 

St-Adalbert = 66 

KAMOURASKA,  (comté  de)  :- 

Anciennes  concessions  seigneuriales 67 

Organisation  des  paroisses,  population 68 

Ste- Anne  La  Pocatière,  école  d'agriculture 69 

Kamouraska 70 

Sc-Paschal,  St-Bruno  (paroisses) 70 

St-Pacôme,  Rivière  Ouelle 71 

St- Alexandre,    St  Eleuthère 72 

L'industrie  laitière,  le  mouvement  colonisateur. 73 

Cantons  Pohénégamook,  Bungay,  Chabot 75 

do       Chapais,  Ixworth,  Painchaud , 76 

do      Parke,  Woodbridge 77 

240 

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La  Bibliothèque 

Université  d'Ottawa 

Échéance 


The  Library 

University  of  Ottawa 

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